La camionnette blanche de Yaroslav Zhilkin s’arrête dans la cour d’une école située à une quarantaine de kilomètres à l’est de Donetsk. Orné de sa croix rouge et de son «Grüz 200» - nom de code de l’armée russe désignant le transport de dépouilles, connu de tous dans la région -, le véhicule des cinq experts de l’organisation non gouvernementale «Tulipes noires» ne passe pas inaperçu. L’équipe est chargée de ramasser et d’échanger les corps des soldats tués au combat, qu’ils soient prorusses ou fidèles à Kiev.
Signalés par les combattants ou les habitants, les corps font l'objet de longues recherches par les cinq professionnels. «Lorsqu'un être cher disparaît, il est préférable d'obtenir la confirmation du pire que de continuer à souffrir de l'incertitude, le camp d'appartenance du défunt nous importe peu», explique Yaroslav Zhilkin, responsable de l'ONG. Les prorusses tolèrent l'organisation mais un séparatiste armé leur est imposé sur toute la durée de leur passage en zone occupée. Les hommes entrent dans la cour de l'école. Sur la droite du bâtiment, un bus a été transpercé de toutes parts par des balles, mais rien à signaler à l'intérieur. Un second collègue de Yaroslav Zhilkin s'attarde sur un bout de terre qui semble avoir été récemment retourné. «Il arrive souvent que les combattants où les gens du coin enterrent certains corps à la va-vite, particulièrement quand il s'agit de corps ukrainiens». Après avoir fait minutieusement le tour des lieux, il n'