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Libération
EDITORIAL

Aventure

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publié le 26 décembre 2014 à 19h56
(mis à jour le 26 décembre 2014 à 21h52)

Il n'y a guère de sentiment plus irrationnel que la peur, certaines zones du monde sont en train de le constater à leurs dépens. Entre menaces terroristes et Ebola, l'Afrique craint ainsi d'être rayée de la carte des tour-opérateurs, alors que bon nombre des pays du continent ne présentent aucun risque, à l'image du Sénégal ou du Bénin. On imagine aisément le drame pour les populations locales, qui vivent essentiellement du tourisme. Au fond, la plus grande menace ne serait-elle pas cette «zemmourisation» de la société, comme la qualifie le PDG de Voyageurs du monde (lire page 6), qui consisterait à considérer tous les musulmans comme des terroristes, et tous les Africains comme des relais en puissance du virus Ebola ? Certes, le monde a des zones rouges et tout voyageur se doit de prendre garde à l'endroit où il met les pieds : François Hollande a lui-même rappelé cette nécessité en accueillant récemment le dernier otage français, Serge Lazarevic, sur le tarmac de Villacoublay. Mais, dans le monde qui est le nôtre, il n'a jamais été aussi facile de s'assurer de la sécurité - ou non - d'une destination. Le Quai d'Orsay met régulièrement à jour, en tenant compte du contexte local ou régional, une carte du monde, plutôt bien faite, qui évalue les zones de la planète en fonction des menaces qui pèsent sur elles. Une seule chose est sûre : le risque zéro n'existe pas, tout voyage recèle sa part d'aventure. Ce n'est pas une raison pour s'interdire toute échappée