L'extension de Boko Haram autour du Lac Tchad (Ide)
C'est une guerre invisible, lointaine. Même vue de la capitale du pays où elle se déroule, le Cameroun. A Yaoundé, bien peu d'informations filtrent sur ce qui se passe «à la frontière», dans l'extrême nord du pays, où les forces armées camerounaises se sont pourtant engagées dans une bataille sans merci contre Boko Haram, la secte islamiste du Nigeria voisin (1). Environ 1 700 km de frontière séparent le Cameroun du géant régional, pays le plus peuplé d'Afrique, dont les Etats du Nord échappent de plus en plus au pouvoir central. Pourtant, les combattants de Boko Haram se sont longtemps limités à leur territoire national se faisant connaître par des actes sanglants : attentats, meurtres, enlèvements. En revendiquant celui d'une famille française, les Moulin-Fournier, en février 2013, puis celui d'un prêtre également français à la fin de la même année, les jihadistes nigérians signaient officiellement leurs premières incursions en territoire camerounais. Depuis, Boko Haram a redoublé d'audace et de cruauté au Nigeria : la secte est désormais considérée comme «le groupe armé le plus féroce au monde», plus encore que l'Etat islamique en Irak et en Syrie, selon une récente étude britannique.
«Tabou». Les islamistes nigérians n'hésitent plus à multiplier les attaques et les prises de l'autre côté de la frontière. Face à eux, le régime camerounais a dépêché son Bataillon d'int