La vouivre argentée qui traîne ses wagons en parcourant d’est en ouest les principaux quartiers de Jérusalem se voulait une courroie de transmission, le fil rouge de cette ville aux populations dissemblables qui, à l’orientale, se côtoient, se frôlent parfois, mais ne se mélangent pas.
Le miracle a été ébréché au bout de trois ans. Au début d’un automne de tensions politico-religieuses autour de l’esplanade des Mosquées-Mont du Temple, le tramway de Jérusalem est devenu la cible d’attaques de Palestiniens qui ont précipité leur voiture sur les piétons attendant les rames, tuant cinq personnes et faisant une vingtaine de blessés. Régulièrement, des pierres jetées par de jeunes habitants des quartiers arabes de la ville finissent leur parcours sur les vitres des wagons ; les distributeurs de tickets ont été vandalisés à Shuafat, à Beit Hanina, pour protester contre un moyen de locomotion désormais perçu comme un des instruments de l’annexion de la partie Est de la ville par Israël ; certains le boycottent, d’autres craignent les insultes venant d’usagers des quartiers juifs.
Malgré les à-coups, le tram s’entête et continue de circuler à son petit rythme doux, du mont Herzl à Pisgat Zeev, en longeant le vieux quartier juif ultraorthodoxe de Mea Shearim. Confiné hors de la modernité, il se déroule vers la porte de Damas, une des ouvertures monumentales dans les murailles de la vieille ville, après avoir traîné sur plusieurs arrêts dans la rue de Jaffa.
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C'est dans cette rue, l'artèr