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Libération
Reportage

A Kaboul, «on risque à nouveau de tout perdre»

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Alors que le retrait des forces internationales s’achève, de nombreux Afghans redoutent que la faiblesse de leur Etat n’entraîne un retour des talibans.
Dimanche, lors de la préparation au départ des troupes américaines sur la base Gamberi, dans la province du Laghmân, dans l'Est afghan. (Photo Lucas Jackson. Reuters)
par Joël Bronner, Correspondance de Kaboul
publié le 28 décembre 2014 à 20h06

Du thé et des raisins secs complètent l'ambiance pique-nique de la grande serviette à carreaux déployée par Jamil dans le parc de Shar-e-Naw, à Kaboul. Sous un soleil hivernal voilé, lui et ses quatre amis d'une vingtaine d'années, tous vêtus à l'occidentale, profitent du calme à l'écart du trafic incessant des rues de la capitale afghane. Son discours tranche avec la quiétude des lieux. «Ça fait trois mois qu'on subit des attaques-suicides partout à Kaboul. On est inquiet à chaque fois qu'on met les pieds dehors… Ce n'est vraiment pas le moment que les forces internationales quittent le pays», murmure le jeune homme.

Incapacité. Assis sur un banc à quelques mètres de là, Adib observe un groupe d'enfants occupés à jouer au cricket. «Depuis la signature d'un traité de sécurité avec les Etats-Unis et l'Otan, une explosion ou une attaque-suicide a lieu tous les deux ou trois jours à Kaboul. Ma famille me dit : "Va à l'université et rentre directement après les cours"», raconte l'étudiant aux cheveux gominés, qui ne croit pas les Afghans aptes à assurer seuls la stabilité du pays. «L'Etat n'est pas assez puissant pour être autonome. Et l'armée afghane, c'est pareil, ils n'ont même pas les moyens d'assurer leur propre sécurité», insiste-t-il.

Les plus inquiets voient déjà les insurgés talibans reprendre le pouvoir. «Sans les étrangers, les forces de sécurité afghanes ne sont pas capables de contrôler le pays plus