Du thé et des raisins secs complètent l'ambiance pique-nique de la grande serviette à carreaux déployée par Jamil dans le parc de Shar-e-Naw, à Kaboul. Sous un soleil hivernal voilé, lui et ses quatre amis d'une vingtaine d'années, tous vêtus à l'occidentale, profitent du calme à l'écart du trafic incessant des rues de la capitale afghane. Son discours tranche avec la quiétude des lieux. «Ça fait trois mois qu'on subit des attaques-suicides partout à Kaboul. On est inquiet à chaque fois qu'on met les pieds dehors… Ce n'est vraiment pas le moment que les forces internationales quittent le pays», murmure le jeune homme.
Incapacité. Assis sur un banc à quelques mètres de là, Adib observe un groupe d'enfants occupés à jouer au cricket. «Depuis la signature d'un traité de sécurité avec les Etats-Unis et l'Otan, une explosion ou une attaque-suicide a lieu tous les deux ou trois jours à Kaboul. Ma famille me dit : "Va à l'université et rentre directement après les cours"», raconte l'étudiant aux cheveux gominés, qui ne croit pas les Afghans aptes à assurer seuls la stabilité du pays. «L'Etat n'est pas assez puissant pour être autonome. Et l'armée afghane, c'est pareil, ils n'ont même pas les moyens d'assurer leur propre sécurité», insiste-t-il.
Les plus inquiets voient déjà les insurgés talibans reprendre le pouvoir. «Sans les étrangers, les forces de sécurité afghanes ne sont pas capables de contrôler le pays plus