Le visage, moustachu, rond et affable, est placardé sur les arbres et palissades des villes du Burkina Faso et sur les murs des pages Facebook. «Justice pour Norbert Zongo, maintenant !» exige l'affiche conçue pour l'anniversaire de la mort de ce journaliste d'investigation, directeur de publication de l'Indépendant, assassiné le 13 décembre 1998 alors qu'il enquêtait sur un meurtre lié au clan Compaoré. Seize ans après, jour pour jour, des milliers de manifestants sont redescendus dans les rues de Ouagadougou pour réclamer la lumière sur cette affaire. Ils semblent avoir été entendus : le 23 décembre, la ministre de la Justice a annoncé avoir demandé au procureur de rouvrir ce dossier.
Depuis la chute de Blaise Compaoré - le «beau Blaise» -, le 31 octobre, Norbert Zongo est plus présent que jamais. Lors de l'insurrection qui a chassé en octobre le président burkinabé après vingt-sept ans de pouvoir, sa photo était brandie par les manifestants, à côté de celle de Thomas Sankara (lire Libération des 15-16 novembre), leader adulé de la révolution de 1983. Le fantôme de Zongo, qui a toujours hanté l'ancien régime, est aussi à l'origine du premier couac du gouvernement de transition dirigé par le président Michel Kafando et le Premier ministre Isaac Zida. Le nouveau ministre de la Culture, A