Après l'attaque du siège de Charlie Hebdo qui s'est produite autour de 11h30 ce mercredi, faisant douze morts, de nombreux journaux étrangers ont réagi pour condamner cet acte.
ll Corriere della Sera (Italie) écrit : «Ce qui est arrivé mercredi frise l'inimaginable. L'attaque, les rafales dans la rédaction, les tirs, de véritables exécutions puisque les journalistes ont été sommés de donner leurs noms, avant d'être abattus. La fugue, avec des policiers qui tentent de les intercepter et qui sont achevés d'une balle alors qu'ils sont déjà à terre, blessés....»
La Repubblica (Italie) retranscrit le «credo» de Charb (Stéphane Charbonnier), le directeur de Charlie Hebdo, exprimé dans une interview accordée en 2012 à Al-Jezira à la suite de la polémique engendrée par les caricatures de Mahomet. «Chaque fois que nous avons mis en cause l'islam radical, nous avons eu des problèmes, nous avons provoqué indignation et réactions violentes. Mais ce qui me surprend le plus est la réaction des autorités française, qui nous ont traités d'irresponsables et de provocateurs. Nous respectons les lois françaises, nous ne les enfreignons pas. Nous avons le droit d'utiliser notre liberté d'expression comme nous l'entendons», expliquait Charb, assassiné dans l'attentat.
La Stampa (Italie) consacre dans son dossier sur l'attentat un article à Charlie Hebdo comme «symbole du journalisme français». «Un journal né et grandi dans les années 70, qui se définissait avec une autodérision comme "bête et méchant"», un journal «iconoclaste», qui dérangeait l'opinion publique bien pensante», «capable d'ironiser sur Charles de Gaulle le jour de la mort de celui-ci et qui fut suspendu pour cela».
Le New York Times (Etats-Unis) titre : «Un journal satirique bombardé à Paris» et le quotidien américain rappelle la série de caricatures sur l'islam qui ont fait la réputation internationale de Charlie Hebdo.
Le magazine satirique allemand Titanic exprime quant à lui sa solidarité envers Charlie Hebdo et promet de «continuer à faire des blagues».
Une «guerre à la démocratie»
Le Temps (Suisse) évoque une «guerre à la démocratie». «Les terroristes voulaient aujourd'hui non seulement tuer, mais aussi faire taire à jamais et créer le chaos à la suite de leurs actes», lit-on sur le site web du quotidien.
En Grande-Bretagne, le Times (conservateur) parle carrément d'«attaque islamiste» et titre «Les islamistes tuent 12 personnes dans un magazine français». La vidéo du policier froidement abattue est en tête de home.
Le Guardian (gauche) fait plutôt défiler une série de photo et met l'accent sur la «chasse à l'homme en cours». Le journal publie notamment un article de Roy Greenslade, professeur de journalisme à la City University : «La liberté d'expression ne doit pas être muselée.» Lequel conclut ainsi : «la satire blesse, mais elle ne tue pas.»
Ian Hislop, qui travaille pour le magazine satirique britannique Private Eye, a quant à lui estimé que les victimes de la fusillage «ont payé très cher pour exercer leur liberté de caricaturer».
Aux Pays-Bas, De Telegraaf (journal le plus important du pays, plutôt conservateur) titre : «Acte terroriste sur une rédaction». Et consacre près de dix entrées de sa homepage au sujet, dont un suivi en direct (comme la plupart des journaux). Le journal cite les propos de Charb : «J'ai plus de chance d'avoir un accident de vélo que de tomber sur le nouveau Mohamed Merah.»
«Mauvais temps pour l’humour»
Algemeen Dagblad (le deuxième quotidien du pays) fait notamment réagir «le dessinateur néerlandais Bernhard Willem Holtrop – Willem», joint par téléphone. Choqué, il explique : «J'ai entendu la nouvelle ce matin, dans le train. Je suis en chemin pour Paris et j'irai à la rédaction.» Selon lui, le fait que les terroristes aient agi un mercredi n'est sans doute pas un hasard : «Chaque mercredi a lieu la conférence de rédaction, presque tous les collègues sont présents.»
Sur le site web de la Libre Belgique, une photo collective : les journalistes manifestent leur solidarité avec le journal satirique français tenant en main une affichette «Je suis Charlie» .«La liberté d'expression connaît aujourd'hui l'un de ses jours les plus noirs.Tous les journalistes et collaborateurs du groupe IPM, ainsi que sa direction, tiennent - plus que jamais - à rappeler qu'ils défendront la liberté de parole, de caricature et d'information. Je suis Charlie.», souligne le site du quotidien belge.
El Pais, premier quotidien espagnol, dont le siège à Madrid a été évacué pendant environ une heure mercredi à cause d'un colis suspect qui s'est avéré être une fausse alerte, titre «Douze morts dans un attentat contre un hebdomadaire satirique à Paris».
En «home» du journal satirique espagnol El Jueves, un dessin figurant un encrier renversé, dont s'écoule un liquide rouge. Avec ces mots : «Mauvais temps pour l'humour.»