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Libération

Boko Haram sème la désolation au Nigeria

Boko Haram, massacre à huis-closdossier
Massacre. La secte a détruit 16 villages dans le nord-est du pays et menace le Cameroun voisin.
Capture d'écran d'une vidéo diffusée par Boko Haram le 2 octobre 2014, montrant le chef du groupe islamiste (Photo AFP)
publié le 9 janvier 2015 à 19h26

Mort et destruction au nom du pire fanatisme qui soit : celui qui ne cherche même plus à convaincre ou à convertir, se contentant de semer la terreur. Au Nigeria, le plus grand pays d’Afrique de l’Ouest, la secte intégriste Boko Haram étend inexorablement son emprise par des actes d’une violence inouïe. Mercredi, les islamistes ont entièrement détruit 16 villages dans le nord-est du pays, zone où ils sont déjà bien implantés.

Alors que plus de 20 000 personnes ont pris la fuite lors de ces attaques, les témoignages des survivants, cités par les agences de presse, font état de nombreux cadavres dans les rues, de femmes et d’enfants implorant une aide sans espoir. Les insurgés auraient même poursuivi à moto ceux qui tentaient de se réfugier en brousse.

Impuissance. Une situation qui inquiète également les pays voisins, débordés par l'afflux de réfugiés, mais aussi eux-mêmes ciblés par ces nihilistes fanatiques galvanisés par l'impuissance de l'armée nigériane à les mettre hors d'état de nuire. «Ce groupe fait partie d'un mouvement global qui a attaqué le Mali, la Centrafrique et la Somalie et qui veut étendre son emprise de l'océan Indien à l'océan Atlantique», a déclaré jeudi le président camerounais Paul Biya lors de son discours du nouvel an devant le corps diplomatique à Yaoundé, appelant à «une réponse globale» face à cette menace et à une aide internationale pour y faire face.

En réalité, le Cameroun est déjà engagé depuis plusieurs mois dans une véritable guerre à sa frontière ouest ( Libération des 27 et 28 décembre) contre la secte intégriste, qui n'hésite plus à attaquer des localités camerounaises. Paul Biya a d'ailleurs été personnellement menacé par le présumé leader de Boko Haram, Abubakar Shekau, dans la dernière des vidéos provocatrices dont il a fait sa marque de fabrique. «Paul Biya, si tu ne mets pas fin à ton plan maléfique, tu vas avoir droit au même sort que le Nigeria», avertit ainsi Shekau, affublé d'un turban, dans un message de dix-sept minutes posté lundi sur YouTube, où il enjoint également le président camerounais «à se repentir».

Scrutin. Ce même lundi, à Lagos, le président du Nigeria lançait la campagne en vue de sa réélection, le 14 février. Un scrutin présidentiel qui s'annonce très serré alors que de nombreux Nigérians reprochent à Goodluck Jonathan son inexplicable impuissance à faire face à un groupe terroriste qui, depuis un an, a réussi à prendre le contrôle de plus de 20 000 km2 dans le nord-est du pays. Une zone devenue interdite de facto à la presse et aux observateurs extérieurs, d'où la difficulté de connaître le nombre de victimes des attaques de Boko Haram. L'organisation du scrutin y semble déjà illusoire.