C'est par un communiqué tombé jeudi en fin de journée que le ministère algérien de la Défense a mis fin à trois mois de recherches de la dépouille d'Hervé Gourdel dans les montagnes de Kabylie, au cœur d'une zone très difficile d'accès. Ce serait, selon la version officielle, «l'exploitation des renseignements fournis par un terroriste arrêté après une opération de fouille et de recherche menée au niveau du lieu-dit Tabounecht Abi Youcef, près d'Iferhounen», qui a permis de retrouver le corps d'Hervé Gourdel, enlevé le 21 septembre puis décapité par le groupe jihadiste dit des Soldats du califat.
Explosifs. Des experts de la gendarmerie se sont rendus sur les lieux pour effectuer des prélèvements génétiques en vue de s'assurer de l'identité du corps. Ils ont été rejoints par le procureur spécialisé dans les affaires de terrorisme et un juge d'instruction en charge du dossier. Les militaires ont dû faire appel aux artificiers pour exhumer le corps, des engins explosifs artisanaux ayant été placés tout autour du lieu où la victime a été enterrée. Hervé Gourdel, 55 ans, originaire de Saint-Martin de Vésubie (Alpes-Maritimes) était guide de haute montagne dans le parc du Mercantour. Il avait été enlevé le 21 septembre au cœur du massif du Djurdjura par les Soldats du califat, qui ont affirmé l'avoir exécuté en représailles à l'engagement de la France aux côtés des Etats-Unis dans les frappes contre le groupe jihadiste Etat islamique en Irak. La décapitation, montrée dans une vidéo, avait eu une résonance mondiale en pleine assemblée générale de l'ONU, le 24 septembre, et avait conduit l'armée algérienne à mobiliser 3 000 soldats pour traquer les auteurs de l'enlèvement.
Mercredi, une unité d’élite spécialisée dans la lutte antiterroriste, aidée d’une brigade cynophile, avait relancé ses fouilles dans les communes voisines d’Abu Youssef et d’Akbil à la suite d’indications fournies par un islamiste armé tombé dans un ratissage il y a six jours, dans la commune de moyenne montagne de Yatafene, à environ 50 km au sud-est de Tizi Ouzou.
Forces. Après la décapitation du guide, la justice avait lancé des poursuites contre 15 personnes de nationalité algérienne soupçonnées d'y avoir participé. Deux d'entre elles ont été tuées en novembre, selon les autorités. Les Soldats du califat avaient surgi sur la scène jihadiste, fin août, en affirmant dans un communiqué avoir quitté Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), dénoncée pour sa «déviance», et fait allégeance à l'Etat islamique, qui a proclamé un califat en Irak et en Syrie. Le pouvoir algérien s'est pourtant toujours montré parcimonieux quand il s'est agi de rendre public les liens entre les tueurs et Daech (l'acronyme arabe de l'Etat islamique), dont ils s'étaient réclamés.