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Libération

Contre Charlie Hebdo, nouvelles manifestations au Pakistan, calme précaire au Niger

Des milliers de pakistanais ont de nouveau protesté contre la publication d'une caricature de Mahomet, certains brûlant des drapeaux français.
Des manifestants pakistanais brûlent un portrait de François Hollande à Quetta, dimanche. (Photo Banaras Khan. AFP)
par AFP
publié le 18 janvier 2015 à 12h42
(mis à jour le 18 janvier 2015 à 16h25)

Des milliers de personnes manifestent de nouveau, ce dimanche, au Pakistan contre la publication d'une caricature de Mahomet par Charlie Hebdo, certains brûlant des drapeaux français et des effigies de François Hollande ainsi que des dessinateurs de l'hebdomadaire satirique.

Membres de partis religieux mais aussi laïcs, les manifestants ont défilé à Lahore (est du Pakistan), Karachi (sud), Quetta (sud-ouest), Peshawar (nord-ouest), Multan (centre) et dans de nombreuses autres villes.

Plus de 2.000 personnes ont défilé dans la plus grande ville du pays, Karachi, où le parti religieux Jamaat-e-Islami a organisé une marche jusqu'au mausolée de Mohammad Ali Jinnah, père fondateur du Pakistan. Une délégation de pasteurs chrétiens s'est jointe à eux pour montrer leur solidarité avec les musulmans. Ailleurs dans la ville, des dizaines de membres du parti Tehreek-e-Insaf ont défilé contre Charlie Hebdo.

Une délégation s'est rendue à la résidence du consul général français, lui remettant une résolution demandant à Paris d'interdire le journal «pour propagation de la haine religieuse à travers le monde».

A Lahore, environ 6.000 personnes ont assisté à la manifestation organisée par des groupes islamistes, dont le radical Jamaat-ud-Dawa, des orateurs appelant le Pakistan à couper ses relations avec la France. A Quetta, les manifestants ont piétiné et brûlé le drapeau français et des photos de François Hollande. Environ 200 personnes se sont rassemblées à Islamabad tandis qu'à Multan, les manifestants ont crié: «Nous ne sommes pas Charlie, nous sommes Kouachi!»

Vendredi, après la traditionnelle prière, la contestation avait tourné à l'affrontement devant le consulat français de Karachi où un photographe de l'AFP a été grièvement blessé par balle.

Manifestation interdite à Niamey

Par ailleurs, la police nigérienne a tiré des gaz lacrymogènes, dimanche, pour disperser un petit groupe de manifestants de l'opposition réunis à Niamey malgré l'interdiction des autorités, au lendemain d'émeutes anti-Charlie Hebdo qui ont fait cinq morts dans la capitale.

Les 300 personnes, qui s'étaient rassemblées place Toumo, dans le centre-est de Niamey, pour marcher jusqu'au Parlement, se sont dispersées dans les rues adjacentes pour se réorganiser. Puis ont jeté des pierres sur les policiers et brûlé des pneus. Sept manifestants, dont un ancien ministre, ont été interpellés.

Un important dispositif de sécurité a été installé autour de la place de la Concertation, devant le Parlement.

Le déroulement des faits rappelle les premières heures des manifestations de samedi contre la publication d'une caricature de Mahomet en une de l'hebdo satirique Charlie Hebdo, quand des heurts avaient opposé la police et des protestataires devant la grande mosquée de Niamey.

Les affrontements de dimanche sont toutefois de bien moindre intensité que la «journée d'enfer» vécue samedi à Niamey, selon l'expression d'une habitante, des manifestations anti-Charlie Hebdo ayant dégénéré en émeutes dans la capitale où cinq personnes sont mortes. Des groupes violents ont incendié au moins une dizaine d'églises et des commerces appartenant à des chrétiens dans ce pays à forte majorité musulmane.

Dimanche, l'opposition, qui avait annoncé maintenir une marche suivie d'un meeting en dépit de son interdiction, entendait notamment dénoncer «le concassage (pressions) des partis d'opposition et la mauvaise gouvernance», avait affirmé samedi Soumana Sanda, l'un des organisateurs. L'ARDR (Alliance pour la réconciliation, la démocratie et la république), qui organisait la marche, est composée des principaux partis de l'opposition, dont le Moden (Mouvement démocratique nigérien) de l'ex-président du Parlement Hama Amadou, en fuite en France accusé d'être impliqué dans un trafic international présumé de bébés.

Malgré le traumatisme vécu par le Niger, cinq personnes ayant également perdu la vie dans d'autres émeutes anti-Charlie Hebdo vendredi à Zinder, la deuxième ville du pays, l'ARDR avait demandé samedi à «tous ses militants et sympathisants» de «se mobiliser massivement pour la réussite de cette manifestation».