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L'accès à l'éducation dans le monde ne progresse pas

121 millions d'enfants et d'adolescents ne sont pas scolarisés, selon un rapport publié lundi par l'Unesco et l'Unicef.
Salle de classe à l'intérieur d'un camp pour personnes déplacées à Yola, au Nigeria, après les attaques de Boko Haram dans le nord du pays. (Afolabi Sotunde. Reuters)
publié le 20 janvier 2015 à 15h14

Sans surprise, la promesse n'aura pas été tenue. En l'an 2000, les Nations unies s'étaient fixé l'objectif de parvenir à «l'éducation universelle primaire» en 2015. A l'heure du bilan, force est de constater que le résultat est désastreux.

D'après un nouveau rapport, publié lundi par le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), 121 millions d'enfants et d'adolescents sont privés de leur droit à l'éducation. Parmi eux, certains ne sont jamais allés à l'école, d'autres ont «abandonné» en cours de route. Le risque d'être déscolarisé augmente avec l'âge. 63 millions d'«adolescents» âgés de 12 à 15 ans (un sur cinq), et 58 millions d'enfants âgés de 6 à 11 ans (un sur onze) ne vont pas à l'école. Les deux organisations estiment que 25 millions, parmi ces derniers, n'entreront jamais dans une salle de classe au cours de leur vie si la situation persiste.

Malgré une baisse considérable du nombre d’enfants déscolarisés de 2000 à 2008 (passé de plus de 100 millions à 60 millions pour les 6-11 ans), le chiffre a fini par stagner. D’après l’Unicef et l’Unesco, aucun progrès significatif n’a été accompli depuis. L’absence d’améliorations statistiques serait notamment due à l’augmentation de la population africaine. Sur ce continent, 30 millions d’enfants ne sont pas scolarisés.

Conflits, travail et discrimination

Les facteurs expliquant la déscolarisation sont nombreux et souvent complexes. Mais il est possible de pointer du doigt certains obstacles majeurs. Comme l’explique la vidéo ci-dessous, les filles de régions rurales sont souvent exclues ; phénomène accentué par les maternités précoces. Le drame des enfants ouvriers ou soldats, et les discriminations envers les personnes handicapées explique aussi pour beaucoup l’absence d’éducation.

Une infographie ludique et très complète accompagne également le rapport. Elle détaille par pays les données disponibles, notamment en fonction du milieu social des enfants et de leur sexe. A noter qu'il y a plus d'enfants ouvriers que d'enfants déscolarisés (168 millions selon les derniers chiffres de l'Organisation internationale du travail publiés en 2013, soit une baisse de 31% depuis l'an 2000). Cet écart s'explique peut-être par le fait que certains enfants, en partie scolarisés, travaillent tout de même une fois rentrés chez eux. Ce phénomène, qui s'organise souvent dans le cadre familial, est très difficile à quantifier.

Le rapport fait plusieurs recommandations pour améliorer la situation. Dans les pays ensanglantés par des guerres par exemple, l'Unicef et l'Unesco aimeraient que les gouvernements comprennent que la scolarisation des enfants, surtout dans une période post-conflit, doit «soutenir la reprise de l'activité économique et sociale, de manière à empêcher de nouvelles flambées de violences».

L'ambition de cette étude est surtout de réunir un maximum d'informations, de statistiques, de manière à servir d'outil pour les décideurs politiques. «Nous avons besoin de mieux savoir qui ils sont [les enfants déscolarisés], où ils sont et exactement pourquoi ils sont déscolarisés. Sans de bonnes données, les gouvernements ont des difficultés à établir ce que sont les problèmes et où ils se trouvent. Par conséquent, une réponse efficace est difficile.» A ce jour, ce rapport serait la meilleure base de données au sujet des enfants déscolarisés.