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Libération

L’affaire de la page 3 du «Sun» rebondit

publié le 22 janvier 2015 à 19h56

Ressuscités. L'éradication des seins nus de la célèbre page 3 du Sun,jugée ringarde et instrumentalisant la femme, aura duré moins de quarante-huit heures. The Times, autre journal du groupe de médias de Rupert Murdoch, avait pourtant annoncé lundi la fin de cette institution britannique après quarante-quatre ans de bons et loyaux services.

The Sun avait refusé de confirmer ou de démentir la nouvelle, mais dans la mesure où un quotidien du même groupe était à l'origine de l'annonce et étant donné que Rupert Murdoch lui-même avait, à plusieurs reprises, laissé entendre que la fin de la pin-up aux seins nus était proche, le glas semblait avoir vraiment sonné. D'autant que les jours suivants, les pin-up étaient apparues sur la page trois la poitrine pudiquement dissimulée sous un haut de bikini d'une ou deux tailles trop petit.

Mais jeudi, coup de tonnerre en page 3 avec Nicole, 22 ans, de Bournemouth, faisant de l'œil au lecteur et souriant de toutes ses dents et de ses deux seins parfaitement nus et naturels (la page 3 bannit la silicone). «Nous avons eu un vide mammaire», expliquait finement le Sun, manifestement ravi de son pied de nez à l'ensemble de la presse britannique et mondiale - dont Libération -qui avait cru à la fin du sein. Ravi de démontrer sa modernité et son féminisme à quatre mois des élections générales, le monde politique britannique, hommes et femmes confondus, ne s'était pas privé non plus au cours de ces deux jours sans seins de se féliciter de la disparition de cette page.

Sauf que, en dépit d'un tirage en baisse (encore 2,2 millions d'exemplaires quotidiens tout de même), des unes bien plus timides que dans le passé, en raison notamment du scandale des écoutes illégales de personnalités par ses journalistes, le Sun a manifestement décidé de n'en faire qu'à sa tête. La «Page Three Girl» a encore quelques beaux jours devant elle.