L’armée ukrainienne a essuyé jeudi un très sérieux et symbolique revers en abandonnant l’aéroport de Donetsk aux rebelles séparatistes, au moment même où les signes d’une reprise à grande échelle des combats se multipliaient. Avec au moins 41 morts en vingt-quatre heures, il s’agit du bilan le plus meurtrier depuis septembre.
Dentelle. Depuis le début du conflit en avril, dans la foulée de l'annexion de la péninsule de Crimée par la Russie et du réveil des séparatismes prorusses dans l'est du pays, plus de 5 000 personnes ont péri dans les combats entre soldats ukrainiens et rebelles séparatistes, selon l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. L'appel au cessez-le-feu lancé mercredi soir depuis Berlin par les ministres ukrainien, russe, français et allemand des Affaires étrangères s'est perdu dans la reprise féroce des combats. L'impact psychologique de la déroute à l'aéroport Sergueï-Prokofiev, construit spécialement pour l'Euro 2012 de foot, est lourd, l'armée ayant déjà perdu, en septembre, l'aéroport de Lougansk, la deuxième ville de la région du Donbass après Donetsk. La tour de contrôle n'est plus qu'une dentelle de béton. «Nous avons échoué à garder le contrôle des ruines du nouveau terminal durant six jours», a admis un conseiller du président ukrainien, Petro Porochenko.
Parallèlement, l’Ukraine a connu sa journée la plus meurtrière depuis l’accalmie née de la signature, début septembre, d’un cessez-le-feu à Minsk. L’attaque la plus sanglante s’est produite dans un quartier de Donetsk d’habitude épargné par les tirs, où au moins 13 civils ont été tués par des obus qui ont frappé un bus. Un peu plus au nord, 10 personnes ont été tuées à Gorlovka.
Insultes. L'attaque contre le bus de Donetsk intervient huit jours après la mort de douze autres civils, également dans un bus, à Volnovakha, au sud de Donetsk. Kiev a accusé les séparatistes d'être à l'origine des tirs, tout en estimant que la Russie en portait «la responsabilité», selon le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a, lui, renvoyer la balle aux «forces ukrainiennes».
Quelques heures après le drame, les rebelles prorusses ont forcé une vingtaine de prisonniers de guerre ukrainiens à défiler sous les insultes et les jets de bouteille dans les rues de Donetsk. Jeudi soir, Petro Porochenko convoquait son état-major pour organiser la riposte à «l'agression russe».