Les réactions à l'attentat terroriste contre Charlie Hebdo ont été différentes au Kurdistan irakien. La majorité des gens l'ont fermement condamné et témoigné leur soutien à la France, ainsi que leur compassion vis-à-vis des victimes. Massoud Barzani, le président de la région autonome du Kurdistan irakien, a vivement dénoncé cet attentat. Dans un message adressé au président François Hollande, il a présenté ses condoléances au peuple français et aux familles des victimes, et qualifié cette attaque d'«acte inhumain et lâche».
Par ailleurs, des journalistes kurdes se sont rassemblés dans plusieurs villes de la région pour afficher leur solidarité avec le peuple français et dénoncer cet attentat. De nombreux militants kurdes ont rappelé l'éditorial signé par Stéphane Charbonnier, directeur de la publication de Charlie Hebdo, paru dans le numéro du 22 octobre 2014, qui chante les louanges des Kurdes. Stéphane Charbonnier y salue la résistance kurde et déclare : «Je ne suis pas kurde, je ne connais pas un mot de kurde, je serais incapable de citer un nom d'auteur kurde. La culture kurde m'est totalement étrangère. Ah, si ! Il m'est arrivé de manger kurde… Passons. Aujourd'hui, je suis kurde. Je pense kurde, je parle kurde, je chante kurde, je pleure kurde.» Les Kurdes ont largement diffusé cet article sur les réseaux sociaux, accompagné d'une photo de la rédaction de Charlie Hebdo brandissant un drapeau kurde.
Cependant, certains Kurdes ont reproché à l'hebdomadaire satirique d'avoir «insulté le Prophète de l'islam», et certains accusent également les autorités françaises de ne pas s'être donné beaucoup de mal pour retrouver les auteurs présumés du meurtre de trois militantes du PKK commis le 9 janvier 2013 à Paris. Les responsables de cet homicide courent toujours et, bien que la police française ait appréhendé deux suspects, peu après l'assassinat, l'un d'eux a prétendu avoir des liens avec les services de renseignement turcs.
A mon humble avis, l'attentat contre Charlie Hebdo puis les fusillades perpétrées à Paris constituent un échec total pour les extrémistes islamiques, car ces atrocités ne feront qu'exacerber la haine à l'encontre des musulmans dans le monde entier. Si les musulmans ne joignent pas leur voix à celles qui appellent à mettre un terme à cette folie, le terrorisme gagnera du terrain et les premières victimes en seront les musulmans. Malheureusement, le silence de nombreux musulmans face à ces crimes vaut approbation car, en pareil cas, il peut être considéré comme de la complicité.
Traduit de l’anglais par Architexte, Paris (Marie-Paule Bonnafous, Martine Delibie et Marielle Santoni).