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Libération
Éditorial

Compromis

Le 20 janvier sur l'île grecque de Samos. (AFP)
publié le 25 janvier 2015 à 22h26

Peu d’électeurs de Syriza croient aux lendemains qui chantent malgré l’espoir d’une autre politique et d’une autre Europe. Leur vote est d’abord un rejet. Que ce parti puisse ou non gouverner seul importe peu, sa victoire incarne déjà une triple rupture. Les électeurs grecs ont balayé une classe politique aussi corrompue qu’inefficace, où les deux mêmes partis - le Pasok à gauche, Nouvelle Démocratie à droite - se succèdent au pouvoir depuis la fin de la dictature des colonels il y a quarante ans. Ils ont exprimé leur refus d’une austérité punitive et d’une Europe mère Fouettarde, même si, dans leur écrasante majorité, ils désirent rester dans l’euro. Ils ont aussi clairement montré leur volonté d’en finir avec un système de pouvoir oligarchique et clientéliste en votant pour un parti prônant une véritable réforme de l’Etat. Ce signal, l’Europe doit le saisir d’autant que le sens de ce vote va bien au-delà du cas grec. Nombre de capitales des Vingt-Huit, à commencer par Berlin, brandissaient le spectre d’un «Grexit», une sortie de la Grèce de l’euro. Le ton depuis a changé, - même en Allemagne -, face à l’évidence de la faillite du reste de la classe politique grecque comme des limites d’une cure qui a plongé un pays entier dans la misère, réduit son PIB et augmenté le poids de sa dette abyssale. L’Europe est maintenant à l’heure d’un compromis fondé sur un nouveau rééchelonnement de la dette grecque et un moratoire sur les intérêts. La voie de ce compromis est étroite. Il n’y en a pas d’autre. Mais Aléxis Tsípras, porteur de tous les espoirs - trop ? -, est conscient des réalités.