Trois civils ont été tuées mardi à Gao, dans le nord du Mali, pendant une manifestation contre la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), accusée de tenter d’affaiblir des groupes armés soutenant le gouvernement contre les rebelles, a appris l’AFP de sources concordantes.
«Ici à la morgue de Gao, nous avons au moins trois manifestants morts, dont certains par balle», a déclaré à l'AFP un responsable de l'hôpital, faisant état de «plusieurs blessés graves». Un responsable du ministère de la Sécurité a confirmé «la mort d'au moins trois civils qui étaient parmi les manifestants».
«Nos policiers ont été assiégés ce matin (mardi) par des manifestants, mais je peux vous dire qu'aucune force de la Minusma n'a tiré sur les manifestants. Aucun, absolument aucun ordre n'a été donné de faire usage d'armes. Je suis formel», a déclaré Arnaud Akodjènou, numéro deux de la Minusma.
Selon des témoignages recueillis par l’AFP, les manifestants furieux, qui avaient déjà manifesté lundi à Gao devant le siège de la Minusma, jetant des pierres sur le bâtiment, ont tenté mardi de le prendre d’assaut.
«Des jeunes sont montés sur des véhicules de la Minusma, d'autres ont jeté des cocktails molotov sur les soldats de la Minusma. Ca sentait l'émeute, c'est très tendu, j'ai entendu les coups de feu», a déclaré à l'AFP une source indépendante contactée à Gao.
Les manifestants protestaient contre la conclusion ce week-end d'un accord sur la création d'une «zone temporaire de sécurité» dans la localité de Tabankort, près de Gao, contrôlée par des groupes armés favorables à Bamako, dont les affrontements avec la rébellion ont fait de nombreux morts ces dernières semaines, parmi lesquels beaucoup de civils. La création de cette zone «obligera les groupes armés loyalistes à désarmer ou à abandonner leurs positions», a expliqué à l'AFP une source administrative sur place.
Le nord du Mali était tombé en 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaeda, qui en ont été chassés en grande partie par l’opération militaire «Serval», à l’initiative de la France, à laquelle a succédé en août 2014 l’opération «Barkhane», dont le rayon d’action s’étend à l’ensemble de la zone sahélo-saharienne. Mais la zone a enregistré depuis l’été une recrudescence d’attaques.