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Libération

Ouverture d’une enquête sur la mort de l’ex-agent russe Litvinenko

publié le 27 janvier 2015 à 22h06

Elle s'est battue huit longues années. Mardi, devant la haute cour de justice de Londres, une enquête publique sur la mort de son époux, Alexandre Litvinenko, s'est enfin ouverte. Cette procédure ne constitue pourtant pas un procès, personne n'est assis dans le box des accusés. Mais elle devrait permettre de mettre au jour les conditions exactes de l'assassinat de Litvinenko en 2006 et apporter à sa veuve, Marina, 52 ans, et à leur fils, Anatoli, 20 ans, un «semblant de justice».

Ce 1er novembre 2006, Alexandre Litvinenko, ancien membre du FSB, les services secrets russes, transfuge devenu citoyen britannique et virulent critique de Vladimir Poutine, son ancien chef, a rendez-vous avec deux de ses anciens collègues, Andreï Lugovoï et Dmitri Kovtun. La rencontre a lieu au Pine Bar, dans un hôtel luxueux, le Millenium, en plein centre de Londres. Alexandre Litvinenko avale trois gorgées de thé vert. Le soir même, il est pris de violentes nausées. Trois semaines plus tard, il meurt dans un hôpital londonien, empoisonné au polonium-210, une puissante substance radioactive. Sur son lit d'agonie, il accuse ouvertement Vladimir Poutine d'avoir ordonné son assassinat. Londres demandera sans succès l'extradition de Russie de Lugovoï et de Kovtun.

Depuis plus de huit ans, Marina Litvinenko se bat pour obtenir justice. Plusieurs fois déjà, ses demandes ont été repoussées, notamment pour des questions de «sécurité nationale». Alexandre Litvinenko a notamment collaboré avec le MI6, les services de renseignements extérieurs britanniques, peu disposés à livrer leurs secrets. Ce qui explique pourquoi certaines sessions de l'enquête se dérouleront à huis clos. Mais le premier jour a déjà révélé qu'Alexandre Litvinenko n'a succombé qu'après une seconde tentative d'empoisonnement au polonium-210. La première avait eu lieu deux semaines plus tôt, le 16 octobre 2006. Lors d'une rencontre avec les deux mêmes hommes, Andreï Lugovoï et Dmitri Kovtun. Cette fois-là, Alexandre Litvinenko avait juste été malade.

Il se savait en danger. C'est pour cela qu'il avait fui la Russie avec sa famille pour s'installer au Royaume-Uni, en 2000. Deux ans plus tôt, il avait été jugé en Russie après avoir dénoncé les pratiques du FSB dont il avait été membre. Il était devenu un proche de l'oligarque Boris Berezovsky, un autre opposant exilé lui aussi à Londres. C'est ce dernier qui a financé les poursuites judiciaires engagées par Marina Litvinenko. Jusqu'au 23 mars 2013, où il est mort dans des circonstances troubles. Retrouvé pendu dans sa salle de bains fermée de l'intérieur, son décès ressemblait bien à un suicide mais la justice britannique a refusé d'avaliser les apparences et a enregistré un «verdict ouvert».