«Karambola !» («collusion !»), ont répété mardi les chroniqueurs télé grecs qui ont passé la journée à annoncer «d'une minute à l'autre» la composition du gouvernement de Syriza, la coalition de la gauche radicale qui a remporté le scrutin législatif dimanche. Le suspens aura duré des heures, suggérant une collusion d'intérêts ou de souhaits dans une équipe qui sera vite confrontée à d'importants défis.
Pugnace. Au final : des nominations attendues et quelques surprises au sein d'un gouvernement resserré. Du moins en apparence. Car s'il comprend à peine plus de dix ministères, comme promis, le nombre de secrétaires d'Etat et de ministres délégués est impressionnant. Ce mercredi, pour le premier Conseil des ministres, il y aura donc une quarantaine de personnes autour d'Aléxis Tsípras. Parmi les noms attendus, le nouveau ministre de l'Economie qui, comme l'avait pressenti Libération dès lundi, est Yanis Varoufakis. Un économiste engagé, réputé pour sa maîtrise des mécanismes de la dette en Europe, qui sera un interlocuteur pugnace face à Bruxelles et Berlin. D'autres nominations«confirment la formation d'un gouvernement très mobilisé sur les enjeux de la dette et des négociations avec les créanciers de la Grèce», constate l'analyste politique Georges Seferzis. Sans surprise, on retrouve ainsi deux autres économistes très proches de Tsípras : Yannis Dragasakis (nommé vice-Premier ministre en charge plus spécifiquement des ministères relevant de l'économie) et Yorgos Stathakis (à la tête d'un super-ministère de la Croissance).
Mais les défis internes n’ont pas été oubliés. Avec un focus particulier - et nouveau pour le pays - sur la lutte anticorruption et l’évasion fiscale, dont seront chargés deux juges réputés pour leur lutte contre le blanchiment.
Parmi les quatre «super-ministères» créés mardi, outre celui de la Croissance, se distingue celui de la Restructuration, de l'Environnement et de l'Energie, attribué à Panagiotis Lafazanis, seul représentant de l'aile gauche de Syriza à hériter d'un poste stratégique.
Fougueuse. Les Grecs indépendants, petit parti ultranationaliste et anti-austérité, qui ont permis à Syriza de former un gouvernement sans majorité absolue au Parlement, obtiennent cinq postes, dont un ministère important. Leur leader, Pános Kamménos, a ainsi été nommé comme prévu à la Défense. Autre surprise : la fougueuse Zoé Konstandopoulou, brillante avocate et députée, n'a pas obtenu la Justice mais la présidence du Parlement. Pas forcément un désaveu tant la bataille s'annonce rude au vu des réformes promises.