Bâtiments éventrés, rues noyées sous les débris, quartiers déserts : la victoire des forces kurdes sur les jihadistes de l’Etat islamique (EI), après plus de quatre mois de combats acharnés, a transformé la ville syrienne de Kobané en champ de ruines. Deux jours après une bataille devenue un symbole de la guerre civile qui déchire le pays depuis 2011, les combattants des Unités de protection du peuple (YPG), la milice du principal parti kurde de Syrie, règnent en maîtres sur une cité aux trois-quarts détruite. A la plupart des carrefours, des groupes de miliciens en tenues dépareillées, dont de nombreuses femmes, saluent la présence des journalistes par des rafales de kalachnikovs tirées en l’air et en faisant le V de la victoire.
«Nous les Kurdes, nous sommes forts, nous n'avons peur de personne. Ici, c'est notre pays, ce sont nos maisons» , plastronne l'un d'eux, Ziad. «Il n'y a plus personne de l'EI ni aucun terroriste ici à Kobané, nous les avons repoussés et nous en sommes très contents», renchérit un de ses frères d'armes, Saleh Youssef Saleg. Tout autour d'eux, les silhouettes décharnées des immeubles témoignent de la violence des affrontements et des nombreux raids aériens menés par la coalition internationale conduite par les Etats-Unis. Dans certaines rues, des obus de mortier n'ayant pas explosé gisent encore sur les gravats, à côté de véhicules criblés de balles. Le calme est revenu depuis mercredi sur toute la ville, mais les opérations de «nettoyage» se poursuivaient dans les villages environnants.
Toujours à l’affût dans le ciel de Kobané, les avions de la coalition ont mené, mardi et mercredi, 13 frappes qui ont permis de détruire douze véhicules jihadistes, selon le Pentagone. Ce sont d’ailleurs ces bombardements de la coalition, notamment des avions américains, qui ont pulvérisé les quartiers est de cette ville de 40 000 habitants,les premiers conquis par les jihadistes et où ils se sont ensuite retranchés. La reconquête a été menée maison par maison par les forces kurdes syriennes, aidées par des peshmergas - les combattants kurdes irakiens - et par un petit contingent de l’Armée syrienne libre. La quasi-totalité des civils avaient fui la ville pour la Turquie voisine. Quelque 200 000 réfugiés de la zone y ont trouvé refuge, mais leur retour reste dans l’immédiat très compliqué vu l’ampleur des destructions, sauf dans les quartiers ouest de Kobané, où déjà la vie reprend.