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Libération

Le roi Salmane d’Arabie Saoudite fait le ménage

Remaniement. Le nouveau maître de Riyad a limogé presque tous les proches de l’ex-souverain.
Le roi d'Arabie Saoudite, Mohammed ben Salmane, le 27 janvier. (Photo Saul Loeb. AFP)
publié le 30 janvier 2015 à 20h06

Une semaine après avoir accédé au trône de la première puissance pétrolière du monde, le roi Salmane d’Arabie Saoudite a chassé du pouvoir quasiment tous les proches du feu souverain Abdallah, dont ses deux fils, le prince Mechaal, gouverneur de la province de La Mecque, et le prince Turki, gouverneur de Riyad. Deux autres proches du défunt roi ont également été relevés de leurs fonctions : le chef du renseignement, le prince Khaled ben Bandar ben Abdel Aziz, et le secrétaire général du Conseil de sécurité nationale - qui vient d’être dissous -, le prince Bandar ben Sultan. Ce dernier était l’un des dirigeants saoudiens les plus connus à l’extérieur : il avait été pendant vingt-deux ans ambassadeur à Washington - jusqu’en 2005.

Jeune. Les premières décisions de Salmane avaient été de désigner son fils Mohammed, pourtant sans expérience, à sa place comme ministre de la Défense, et le ministre de l'Intérieur, Mohammed ben Nayef comme futur prince héritier, deuxième dans l'ordre de succession après le prince Moqren. C'est donc une génération beaucoup plus jeune qui commence à s'installer aux leviers du pouvoir.

Ces limogeages, qui concernent aussi nombre de hauts fonctionnaires, y compris à la tête de la police religieuse, sont sans précédent depuis des décennies. Ils témoignent du retour en force des Soudeiri. Clan très soudé, il est constitué des enfants de Hassa bint Ahmed al-Soudeiri, l’épouse favorite du roi Abdelaziz, alias Ibn Séoud, et la mère de 7 de ses 35 enfants mâles. L’Arabie Saoudite revient donc dans le giron de ce clan qui, dans le passé, en particulier sous le roi Fahd, généra une corruption extraordinaire. Le clan du défunt Abdallah, le demi-frère de Salmane, mord donc la poussière. Certes, un de ses fils, le prince Miteb, est maintenu comme ministre en charge de la Garde nationale (armée parallèle de 200 000 hommes), mais il est bien seul. Tout comme le prince-héritier Moqren, le plus jeune des 35 fils d’Ibn Séoud, qu’Abdallah avait imposé en mars 2014 comme futur prince héritier.

Vision. La politique du royaume en matière pétrolière sera sans doute inchangée : le ministre du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, reste, tout comme le ministre des Affaires étrangères Saoud al-Fayçal, pourtant malade. Mais une nouvelle vision stratégique, à l'heure où le royaume semble encerclé par des voisins hostiles, devrait voir le jour. Bonne nouvelle : la séance de flagellation du blogueur Raef Badaoui, condamné à 1 000 coups de fouet pour «insulte à l'islam», a encore été reportée.