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Libération
Récit

Le pilote otage de l’EI brûlé vif dans une cage

Le monde arabe en ébullitiondossier
Une vidéo montrerait le supplice du militaire jordanien capturé en décembre.
La femme du pilote (au centre) a participé à une manifestation, mardi à Amman. (Photo R.Adayleh. AP)
publié le 3 février 2015 à 20h06

Au quotidien, l’Etat islamique (EI) viole, égorge, crucifie, torture évidemment. Le groupe vient de franchir un nouveau palier dans l’horreur en diffusant la vidéo d’un homme en train d’être brûlé vif dans une cage, affirmant qu’il s’agissait du pilote jordanien capturé après le crash de son F-16 en Syrie le 24 décembre.

Des images épouvantables du supplicié circulaient mardi sur les sites jihadistes et même simplement islamistes. On y voit un homme, qui ressemble à l’aviateur, portant la tenue orange des prisonniers du groupe, faisant référence aux détenus islamistes emprisonnés à Guantánamo. Il est enfermé dans une cage en fer posée au milieu d’une rue déserte. Puis, ce sont des flammes qui viennent jusqu’à lui, l’encerclent et consument ses vêtements jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’une boule de feu. La vidéo dure vingt-deux minutes. Comme pour celles qui montraient des exécutions d’otages, la prise de vue est soignée, avec une véritable mise en scène. Elle montre l’ordalie du prisonnier sous plusieurs angles. Même lorsque le feu le saisit, le supplicié reste étrangement calme.

Contradictoire. La mort de Maaz al-Kassasbeh, capturé sur le territoire syrien alors qu'il participait à la coalition internationale antijihadiste, a été confirmée par les autorités jordaniennes. Depuis plusieurs jours, le gouvernement jordanien exigeait une preuve que son pilote était vivant avant d'envisager de libérer, comme l'exigeait l'EI, une prisonnière irakienne condamnée à mort pour son implication dans des attentats meurtriers contre de grands hôtels dans la capitale du royaume hachémite, en 2005. Cette exécution fait suite à celle de deux otages japonais.

Autre vidéo mise en ligne par l'EI, celle d'un jihadiste appelant en français les musulmans à prendre pour cible les millions de personnes qui défilèrent en janvier pour afficher leur solidarité avec Charlie Hebdo. L'homme, visiblement jeune et portant une longue barbe, est entouré de six autres combattants en treillis, armés et masqués. Il encourage les musulmans à attaquer au couteau les policiers et les soldats pour se procurer des pistolets et des fusils. Et, ce qui est contradictoire, il appelle tous les musulmans de France à quitter au plus vite ce pays pour gagner les territoires sous le contrôle de l'EI, en Irak et en Syrie. Il exige de François Hollande qu'il libère tous les islamistes emprisonnés et qu'il leur soit remis un passeport leur permettant de rejoindre l'EI.

Faisant une référence à la lutte qui oppose l'EI à Al-Qaeda, il affirme enfin que les auteurs des attaques contre Charlie Hebdo, du supermarché casher le 9 janvier et de l'agression au couteau des policiers près de Tours, le 20 décembre, avaient prêté allégeance au groupe que dirige Abou Bakr al-Baghdadi, alias calife Ibrahim. Une preuve que la guerre entre les deux organisations bat son plein : le groupe Al-Qaeda dans la péninsule arabique (Aqpa), basé au Yémen, avait revendiqué l'attaque contre Charlie Hebdo alors que l'auteur de celle contre l'Hyper Cacher avait déclaré appartenir à l'Etat islamique.

«Infidèles». A Mossoul, la grande ville irakienne du nord et l'une des deux capitales de l'EI (avec Raqqa, en Syrie), ce sont quelque 2 000 livres, dont des ouvrages pour enfants, appartenant à la grande bibliothèque de la ville, que les jihadistes ont brûlés dernièrement, n'épargnant que les textes sur l'islam. «Ces livres font la promotion des infidèles et appellent à désobéir à Allah. C'est normal qu'ils soient brûlés», a commenté un habitant, interrogé au téléphone par l'agence AP.