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Libération
Récit

Une loi anti-mosquée adoptée dans le nord de l'Italie

La Lombardie vient d'adopter une réglementation qui rend presque impossible la construction de tout édifice religieux dans la région. Une loi passée quasiment inaperçue.
Dans une mosquée de Rome, en 2008. (Photo Chris Helgren. Reuters)
publié le 4 février 2015 à 18h37

C'est le genre de loi qui déclenche habituellement les passions et les débats. Pourtant, le texte adopté par le conseil régional de Lombardie, à Milan, la semaine dernière, semble laisser les Italiens indifférents. Appelé «Principes de planification de l'équipement pour les services religieux», mais surnommé «anti-mosquée» par ses opposants, celui-ci prévoit que tout édifice religieux (un temple bouddhiste, une synagogue ou une mosquée) doit s'intégrer «dans le paysage lombard». Chaque projet ne pourra être validé qu'après «une consultation régionale». Laquelle ? La loi ne le dit pas. Et une fois les travaux finis, une vidéosurveillance devra être mise en place.

La loi a été votée sur une proposition de la Ligue du Nord, le parti d'extrême droite allié parfois à Forza Italia, parti de Silvio Berlusconi. Un parti bien connu pour ses tendances xénophobes. Dans un reportage de France 2, Roberto Anelli, rapporteur de la loi, espère «qu'on a pu éviter un désastre, sinon ils [les musulmans] ne s'arrêteront jamais», une référence au dernier projet de construction d'une mosquée qui a été abandonné. «Nous devons traiter l'islam pour ce qu'il est : une religion différente des autres», manière de justifier ce texte pour Fabio Rolfi, conseiller régional de la Ligue du Nord. Simona Bordonali, conseillère à la sécurité, l'immigration et la protection civile de la Lombardie, a estimé que le texte était «un pas en avant en matière de sécurité urbaine».

Une loi polémique qui ne fait pas de bruit

Peu de gens ont réagi après la vote de cette loi, pourtant considérée par certains comme une restriction de la liberté de culte. Parmi les élus de la région, Roberto Bruni, du Parti démocrate et ancien maire de Bergame, est un des seuls à avoir commenté ce vote, parlant d'une «loi discriminatoire et donc inconstitutionnelle». Aucune déclaration au niveau national. Le texte pourrait être présenté devant la Cour constitutionnelle pour vérifier sa conformité.

Plusieurs églises protestantes ont également fait part de leur «désapprobation». La coordination islamique parle d'une «région en dehors de son temps». De rares voix se sont élevées pour critiquer une loi liberticide qui pointe du doigt les quelque 450 000 musulmans de Lombardie. Mais rien de plus.

Le journaliste et présentateur Gad Lerner s'est fendu d'un tweet ironique pour commenter le texte : «Avec l'approbation de la loi anti mosquée, la Lombardie confirme qu'elle est gouvernée par une bande de troglodytes.»

Con l'approvazione della legge anti-moschee la regione Lombardia conferma di essere governata da trogloditi