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Libération

En Slovaquie, un référendum contre le mariage gay

publié le 6 février 2015 à 19h46

La Manif pour tous fait des émules en Europe. Les Slovaques sont appelés aux urnes, ce samedi, pour un référendum contre le mariage gay, comme en 2013 en Croatie et dans quelques mois en Irlande. L'important mouvement citoyen qui en est à l'origine «a clairement été influencé par ce qu'il a vu l'année dernière en France», selon Martin Macko, l'un des principaux militants homos de Bratislava, qui représente l'association Inakost («différence»). Le 3 février, Ludovine de La Rochère, présidente de la Manif pour tous, est venue en Slovaquie apporter son soutien.

Les cousins slaves du collectif tricolore sont regroupés sous la bannière «Alliance pour la famille». En septembre, ils avaient annoncé bruyamment avoir recueilli les 400 000 signatures nécessaires à l'organisation d'un tel scrutin, prévu par la Constitution. «C'est une force indépendante qui n'émane que de la société civile»,explique le chercheur Tomas Nociar, en rappelant que sept référendums ont été organisés en Slovaquie sur différents sujets depuis l'indépendance en 1993.

La campagne, évidemment, est ponctuée de dérapages en tout genre. Selon le New York Times, Anton Chromik, l'un des leaders d'Alliance pour la famille, estime par exemple que les «homosexuels veulent passer au-dessus de la tête des gens pour imposer leurs décisions, ce qui a toujours mené historiquement à la dictature et même parfois aux meurtres de masse». Il faudrait donc barrer la route à leurs revendications…

La Slovaquie reste une terre fidèle au Vatican. Et les politiques de tout bord accueillent ces débats de société comme une distraction bienvenue face aux accusations de corruption qui font fuir les électeurs. Le parti du Premier ministre (Smer-SD), Robert Fico, est aux abois. Ce dernier, populiste, anti-Otan et pro-Kremlin et membre du groupe socialiste au Parlement européen, estime que ce référendum est simplement un bon exemple de démocratie directe.

L'année dernière, son gouvernement avait soumis un amendement constitutionnel définissant le mariage comme «l'union d'un homme et d'une femme». Les deux tiers des députés avaient validé le texte, transcendant les courants politiques - ce qui exclut de fait le mariage pour tous. Une seule chose rassure les associations de défense des droits des gays et des lesbiennes : excepté celui validant l'indépendance, tous les référendums organisés en Slovaquie ont été invalidés, faute de participation. Aux dernières européennes, seuls 13% des Slovaques ont jugé utile de se déplacer pour faire entendre leur voix.