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Histoire

Une ville anglaise a fermé les yeux sur des centaines d'abus sexuels

A Rotherham, dans le nord de l'Angleterre, 1 400 enfants ont été victimes d'abus sexuels pendant quinze ans. Un rapport datant du 5 février accable la municipalité et la police.
Dans une rue de Rotherham, en octobre. (Photo Oli Scarff. AFP)
publié le 9 février 2015 à 15h48

Une histoire à faire frémir d'horreur. Entre 1997 et 2013, environ 1 400 enfants de 11 à 16 ans ont été victimes d'abus sexuels dans la ville de Rotherham, dans le nord de l'Angleterre. L'affaire, révélée en août dernier, a été relancée par un rapport gouvernemental publié le 5 février. Selon ce document, les services municipaux semblent avoir eu connaissance de plusieurs affaires et auraient décidé de fermer les yeux.

Alexis Jay, ancienne inspectrice des services sociaux qui a révélé l'affaire, racontait en août : «Des enfants ont été violés par plusieurs prédateurs, vendus à d'autres villes du nord de l'Angleterre, enlevés, battus et intimidés. Il y a des exemples d'enfants qui ont été arrosés de pétrole et menacés d'être enflammés s'ils parlaient, menacés avec des armes à feu, forcés à assister à des viols brutaux et contraints au silence sous peine d'être les prochains à subir ces violences.» Les victimes étaient principalement des jeunes filles fragiles de la classe ouvrière, souvent en rupture avec leurs familles. Certaines d'entre elles avaient à peine 11 ans.

Peur de passer pour raciste

Selon le dernier rapport, des élus du conseil municipal ont sous-estimé la gravité du problème, et souligne que la police a «considéré un grand nombre de ces victimes avec mépris». La réalité a été ignorée en dépit de trois rapports effectués entre 2002 et 2006, et accablants sur la situation à Rotherham. Les résultats de la première étude ont été étouffés car les fonctionnaires «ne croyaient pas les chiffres». La municipalité pensait qu'il s'agissait d'un problème ponctuel et de nombreux fonctionnaires ont «fait part de leur nervosité à identifier les origines ethniques asiatiques des auteurs présumés, de peur de passer pour raciste», selon le rapport.

Après la publication du rapport, le gouvernement a décidé de prendre l'affaire en main. Le ministre des Communautés et de l'Administration locale, Eric Pick, a déclaré que les structures de la ville n'étaient pas adaptées et qu'elles étaient dépassées. De nombreux membres du conseil municipal ont démissionné et une enquête a été ouverte sur le rôle d'une dizaine de policiers dans l'affaire. Les élections municipales devraient aussi être avancées à 2016.