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Libération

Le Golan, carrefour de tous les combats

Le monde arabe en ébullitiondossier
Le Hezbollah tente de reprendre la partie syrienne du plateau aux jihadistes, sous l’œil inquiet d’Israël.
publié le 12 février 2015 à 19h46

Le Golan est le seul endroit au monde où se font face, et même s’affrontent, non pas deux mais trois, voire quatre adversaires. D’un côté, l’armée israélienne qui a conquis une partie de cette province syrienne en 1967 - Tel-Aviv l’a annexée en 1981. De l’autre, le Hezbollah libanais, lui-même en guerre sur ce plateau stratégique contre la rébellion syrienne, dont deux branches radicales, le Front al-Nusra et l’Etat islamique, se battent aussi entre elles, même si ce dernier apparaît encore peu présent sur le plateau.

Jumelle. La progression des uns, le retrait des autres sont suivis minute après minute à la jumelle par les observateurs des Nations unies. Après la prise en otages de 43 Casques bleus philippins à l'été 2014 par le Front al-Nusra, la branche syrienne d'Al-Qaeda, ils ont quitté leurs positions trop vulnérables sur la frontière pour se réfugier à l'intérieur du territoire de l'Etat hébreu. A côté d'eux, situation ironique, des pancartes désignent des destinations, hormis Jérusalem, toutes plus impossibles à atteindre : Damas, Bagdad, Amman. Lors de notre passage, il y a quelques semaines, le front était calme. C'est souvent loin d'être le cas.

De l'autre côté de la ligne de front, qui était resté en sommeil depuis la guerre du Kippour de 1973, le Hezbollah a progressé ces dernières semaines. Pour la première fois, Damas a d'ailleurs reconnu la présence de la milice libanaise au côté des forces loyalistes, de même que des pasdaran, Gardiens de la révolution iraniens (lire ci-contre). «C'est le Hezbollah qui mène l'attaque sur le front sud, c'est sa bataille», affirmait jeudi le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, Rami Abdel Rahmane, qui estime à 5 000 le nombre de combattants de cette formation déployés en Syrie. Jeudi, le site Al-Hadath News, proche du régime syrien, indiquait que les pasdaran avaient même créé une brigade spéciale, baptisée «les martyrs de Quneitra», la capitale en ruine du Golan. Il précisait qu'elle était même sous le commandement du célèbre chef de la division Al-Qods, le général Qasem Soleimani.

Réfugiés. A présent, le Hezbollah et les Iraniens avancent à la lisière de la ligne tenue par Israël, pour en chasser rebelles et jihadistes. Objectif : reprendre les territoires capturés ces derniers mois dans le Sud par les insurgés qui, depuis ces secteurs stratégiques, menacent directement Damas.

Pour Israël, ni la victoire du parti chiite aidé des Iraniens sur la partie syrienne du plateau ni celle des radicaux syriens ne sera une bonne nouvelle. Dans les deux cas, elle signifiera un afflux de réfugiés syriens et des risques d'affrontements. Dès lors le Golan apparaît-il pour les militaires israéliens comme un troisième front après celui de Gaza et du Liban. C'est le Hezbollah que l'état-major craint le plus à cause de sa force militaire. Mais la montée en puissance et le fanatisme revendiqué de l'Etat islamique inquiètent également : «Ils nous haïssent, ont un programme politique ambitieux et beaucoup d'armes. Or, nous n'avons pas de système de renseignements et d'alerte contre eux», explique un officier israélien qui veille sur la ligne de front.