Les élus du Sénat d'Oklahoma, dans le sud des Etats-Unis, ont voté mardi la construction d'une chambre à gaz destinée à exécuter les condamnés à mort. Si cette méthode est appliquée, l'Oklahoma, où plusieurs exécutions ratées ont récemment conduit les condamnés à mourir dans d'atroces souffrances, deviendra le premier Etat américain à recourir à une méthode d'exécution jusqu'ici abandonnée aux Etats-Unis. Elle avait été utilisée pour la première fois utilisée en 1924 puis progressivement abandonnée à partir des années 1970 car considérée comme très douloureuse pour les condamnés. La dernière exécution de ce type remonte à 1999.
Mardi, il n'y a même pas eu de débat parlementaire au Sénat à Oklahoma City. La commission parlementaire a voté à l'unanimité le texte autorisant à faire inhaler de l'azote sans oxygène comme méthode d'exécution. Cette technique particulière n'a jamais été utilisée sur un être humain mais seulement pour l'abattage d'animaux. Les défenseurs de cette méthode d'exécution la présentent comme beaucoup moins douloureuse pour les condamnés et assurent qu'elle est réputée «infaillible». Pour le sénateur républicain Anthony Sykes, «l'inhalation d'azote est reconnue comme l'une des méthodes les plus humaines pour appliquer les sentences».
Selon la technique présentée dans le texte, le condamné inhalerait de l’azote pur et sombrerait dans l’inconscience, sans douleur, en moins d’une minute. Son cœur cesserait de battre quelques minutes plus tard. Par rapport à la chambre à gaz auparavant utilisée dans certains Etats américains, cette méthode n’implique pas l’usage d’un poison, en l’occurrence du cyanure d’hydrogène.
Le républicain Mike Christian a souligné qu'avec cette réforme, l'Oklahoma n'aurait peut-être même pas besoin de construire une chambre à gaz – dont le coût est estimé à 300 000 dollars. L'azote représente en effet près de 80% de l'atmosphère mais à très haute dose et sans oxygène, il devient asphyxiant. Pour Mike Christian, l'exécution ne requerrait qu'un masque et un sac sur la tête du condamné. «On n'aurait même pas besoin de docteur. C'est beaucoup plus pratique. Un médecin légiste suffirait», a-t-il déclaré à Associated Press.
Ce vote intervient alors que la Cour suprême des Etats-Unis s'apprête à statuer sur la constitutionnalité de la peine de mort par injection létale. La Cour reviendra fin avril sur la polémique entourant cette technique, et pourrait décider d'interdire l'utilisation du midazolam, un barbiturique utilisé dans plusieurs exécutions accompagnées de souffrances, si elle juge qu'il conduit à un «châtiment cruel et hors du commun», ce qu'interdit la Constitution.