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Libération

Ukraine: le cessez-le-feu globalement respecté

De rares incidents ont été signalés après l'arrêt des combats prévu par les accords de Minsk 2.
Un soldat ukrainien à proximité de Debaltseve, samedi. (Photo AFP)
publié le 15 février 2015 à 9h33
(mis à jour le 15 février 2015 à 15h08)
Quelques affrontements isolés entre les forces de Kiev et les rebelles prorusses persistent dimanche dans l’est rebelle de l’Ukraine mais le cessez-le-feu entré en vigueur quelques heures plus tôt semble bel et bien tenir.

Si deux civils ont été tués vingt minutes après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à Popasna (région de Lougansk), par des tirs d’artillerie venant d’une zone que Kiev estime être contrôlée par des rebelles dissidents ne respectant pas l’autorité des républiques séparatistes, les affrontements se sont considérablement réduits ensuite.

«La situation est en voie de stabilisation», a déclaré un porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko, malgré des tirs d'artillerie résiduels dans la région de Lougansk et autour de la ville stratégique de Debaltseve, où ont eu lieu les combats les plus violents de ces derniers jours. Kiev n'a fait état d'aucun nouveau mort parmi ses soldats depuis le cessez-le-feu, tandis que neuf soldats avaient été tués dans les heures le précédant. Un haut responsable militaire de la République séparatiste de Donetsk (DNR), Edouard Bassourine, a pour sa part déclaré que le cessez-le-feu était «globalement respecté».

Les autorités ukrainiennes ont cependant précisé que leurs soldats avaient dû repousser des attaques rebelles près du village de Tchornouxine (5 km à l’est de Debaltseve), et ont fait état de mouvements rebelles à proximité du port de Marioupol, dernière grande ville de l’est rebelle contrôlé par Kiev.

«Nous avons besoin de travailler dur pour rendre durable le cessez-le-feu, sans assister aux violations que nous voyons aujourd'hui», a déclaré le ministre des Affaires étrangères ukrainien Pavlo Klimkine, qui a regretté la «responsabilité politique et morale» des autorités séparatistes pour ces violations.

Pressions internationales 

L'accord conclu jeudi à Minsk à l'issue d'une nuit de négociations entre les dirigeants d'Ukraine, Russie, Allemagne et France prévoit que Kiev et les rebelles ont deux jours après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu pour commencer à retirer leurs armes lourdes de la ligne de front.

Le président russe Vladimir Poutine, son homologue ukrainien Petro Porochenko, le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel doivent faire ensemble dimanche un «premier point» sur l'application du cessez-le-feu, selon la présidence française.

Samedi, le président américain Barack Obama a appelé Petro Porochenko pour lui exprimer sa «sympathie» et sa profonde «préoccupation» concernant notamment la situation «dans et autour de la ville de Debaltseve», a indiqué la Maison Blanche dans un communiqué. De son côté, Vladimir Poutine a réaffirmé, lors d’un entretien téléphonique avec François Hollande et Angela Merkel, son attachement au respect du cessez-le-feu, a indiqué l’Elysée.

La situation à Debaltseve avait suscité des doutes quant à une application effective de la trêve. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a expliqué que les tentatives des soldats ukrainiens encerclés à Debaltseve de sortir «de la chaudière» seraient considérées comme une violation du cessez-le-feu.

Le décret introduisant le cessez-le-feu donne cependant le droit aux rebelles de riposter à des «tirs contre les infrastructures militaires et civiles de la République populaire de Donetsk». De son côté, Moscou a d'ores et déjà accusé Kiev et les Occidentaux de «déformer le contenu des accords de Minsk».

Calme à Donetsk

A Donetsk même, les habitants se réjouissaient dimanche d'une première nuit passée sans bombardement, même si un journaliste de l'AFP a entendu une salve d'artillerie en fin de matinée. «Le cessez-le feu, nous l'avons attendu comme on attend les douze coups de minuit pour le nouvel an!», a déclaré à l'AFP Natalia Alexandrovna, 50 ans, vendeuse sur un marché inhabituellement animé par rapport à ces derniers mois. «Les gens ici sont tellement abattus par les bombardements quotidiens qu'ils ont du mal à croire que la situation peut s'améliorer», a-t-elle cependant ajouté.

Les troupes ukrainiennes ne semblaient pas non plus croire en une trêve durable. «Il y a de l'espoir, mais il est petit», a estimé un soldat stationné à 25 kilomètres de Debaltseve, tandis que ses camarades profitaient du calme précaire pour lire ou jouer au football.

Quelques explosions pouvaient encore être entendues en provenance de Debaltseve. «Il n'y a pas eu de cessez-le-feu autour de Debaltseve et il n'y en aura pas. Les tirs continuent», a pourtant assuré à l'AFP Alexeï, un chef rebelle d'Enakieve, une trentaine de kilomètres à l'ouest de Debaltseve.