Onze des douze inculpés dans l'affaire des prêtres pédophiles de Grenade, dont le pape s'était inquiété après avoir été alerté par une victime, ne seront pas poursuivis en raison de la prescription des faits. Un magistrat d'un tribunal de Grenade, dans le sud de l'Espagne, a en effet estimé qu'en vertu de la loi, il devait «déclarer la prescription des délits» d'abus sexuels, exhibitionnisme, et dissimulation de preuves pour neuf prêtres et deux laïcs.
En revanche, il a décidé de maintenir les poursuites contre un prêtre pour des faits «qui pourraient être constitutifs de délit d'abus sexuel continu, avec introduction de membre du corps par voie anale et tentative d'introduction du membre viril». Ces crimes sont passibles d'une peine de quatre à dix ans de prison, précise le juge Antonio Moreno Marin dans sa décision du 26 janvier. Publiée lundi, celle-ci est toutefois susceptible d'appel.
Viols en réunion
Cette affaire de pédophilie, la plus grave par le nombre d’inculpés à toucher l’Eglise espagnole, a éclaté en novembre. Le pape s’était ému de la lettre de D., un jeune homme aujourd’hui âgé de 25 ans, se présentant à l’époque comme membre de l’Opus Dei et dénonçant les abus sexuels qu’il dit avoir subis à Grenade (sud de l’Espagne) entre 2004, alors qu’il avait 14 ans, et 2007. La victime a raconté avoir subi des sévices et des viols de la part du prêtre de sa paroisse avec la participation ou la complicité des autres inculpés qui se réunissaient dans une villa avec piscine.
Le pape, qui avait encouragé le jeune homme à porter plainte (ce qu'il a fait en octobre 2014), a lui-même raconté «sa très grande douleur» lorsqu'il a pris connaissance de la gravité des faits relatés. «Quand j'ai lu cela, je l'ai appelé et lui ai dit : va chez l'évêque. J'ai écrit à l'évêque pour qu'il lance une enquête, pour aller de l'avant», a-t-il déclaré à des journalistes. «C'est une très grande douleur, mais la vérité est la vérité et nous ne devons pas la cacher». Dix prêtres et deux laïcs avaient été mis en examen pour participation aux abus sexuels dénoncés par la victime en tant qu'auteurs ou complices.
Le 23 novembre dernier, allongé face contre le sol froid de la cathédrale de Grenade (sud), en compagnie de huit autres prêtres, l'archevêque de la ville Francisco Javier Martinez avait demandé pardon «pour toutes les fautes» commises dans cette affaire.