Hitler. Et hop un point Godwin. Au cas où vous ne connaissiez pas la loi Godwin, popularisée par Internet, le principe est simple : plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d'y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s'approche de 1.
En ça, les membres du congrès américains ne sont pas différents du commun des mortels. Grâce à une organisation à but non lucratif appelée Capitol Words («les mots du capitole»), il est même plutôt clair qu'ils sont les champions du point Godwin. Le site de l'organisation permet aux visiteurs de visualiser tous les mots ou phrases prononcés au congrès ainsi que de faire des comparaisons entre républicain et démocrates.
Résultat ? Depuis 1996, date des plus anciennes données dont dispose Capitol Words, entre la chambre des représentants et les sénateurs, le nom d’Hitler a été prononcé 1 771 fois, soit 7,7 fois par mois.
Bien que les deux partis se plaisent à enchaîner les références au leader du troisième Reich, ce sont les républicains qui sont les plus enclins à l’évoquer avec un ratio de 57% contre 42%.
Le site permet aussi de relire les passages de discours ou le nom d’Hitler apparaît. Et les raisons pour invoquer l’ancien dictateur sont aussi variées que le nombre de sénateurs.
Comme unité de mesure : «Cela nous a pris plus de temps d'analyser le projet Keystone que de battre Adolf Hitler», estimait la sénatrice démocrate Heidi Heitkamp en novembre.
Comme mise en garde contre l'attentisme : «Après les 6 millions de morts de la solution finale mise en place par Adolf Hitler, nous nous sommes dits "plus jamais". Mais aujourd'hui, sous notre surveillance, c'est un nouveau génocide qui se déroule au Darfour et au Soudan, quelle est notre excuse pour ne pas agir cette fois ?», interroge le démocrate Gregory W. Meeks.
Comme outil de comparaison : pour la sénatrice républicaine Dana Rohrabacher la stabilité apportée par les Talibans en Afghanistan est comparable à celle «qu'Hitler avait établie en Europe».
Comme arguments scientifiques. «Le peu de scientifiques qui promeuvent le clonage appellent ça le progrès. Et bien je voudrais rappeler à mes collègues qu'il y a quelques années Adolf Hitler avait recours à la science de l'eugénisme et lui aussi appelait ça le progrès», énonce le républicain Joe Pitts.
D'autres références restent cependant nettement plus hasardeuses… Comme celle du représentant James A. Traficant qui préconise que l'armée américaine s'inspire du caractère impitoyable de la Wehrmacht. «Il y a ceux en Amérique qui estiment que nous devrions arrêter nos bombardements sur les talibans pendant le mois sacré du ramadan. Je ne suis pas d'accord. Hitler n'a pas arrêté pour Yom Kippour.»
La tendance est cependant à la baisse. A l’exception d’un pic en 2014, le nom d’Hitler n’aura été prononcé que 34 fois depuis 2005.