Les armées nigérienne et tchadienne, qui mènent depuis dimanche une opération conjointe au Nigeria contre Boko Haram, ont remporté un premier succès. «L'offensive a permis de prendre le contrôle de Damasak», ville nigériane située à une centaine de kilomètres de la rive ouest du lac Tchad, a déclaré lundi une source sécuritaire tchadienne, affirmant qu'environ 200 combattants du groupe extrémiste sont morts, contre 10 tués et 20 blessés parmi les soldats tchadiens.
Ni le gouvernement ni l'armée du Niger, dont c'est la première incursion en territoire nigérian, n'ont pour l'instant fait de déclaration sur ce succès dans la lutte contre la secte islamiste. Cette opération marque l'ouverture d'un deuxième front au Nigeria : le Tchad mène en effet, depuis la fin janvier, une autre offensive en territoire nigérian à partir du Cameroun, de l'autre côté du lac Tchad. Le président tchadien, Idriss Déby, a promis mercredi «d'anéantir» le groupe armé et d'éliminer son chef, Abubakar Shekau, s'il ne se rendait pas, affirmant savoir où il se trouve. La radio privée nigérienne Anfani, basée à Diffa, a dénombré dimanche «plus de 200 véhicules» militaires partis en convoi vers le Nigeria. Des milliers de soldats nigériens et tchadiens étaient en posture défensive depuis plus d'un mois dans la province de Diffa, au Niger, sous le feu de Boko Haram.
Les islamistes s’étaient emparés de Damasak le 24 novembre, tuant une cinquantaine de personnes et poussant 3 000 autres à fuir, selon le Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés. Les combattants avaient infiltré la ville en se déguisant en marchands et en dissimulant leurs armes. Les soldats nigérians s’étaient alors enfuis au Niger voisin avec une partie de la population.
Boko Haram, qui compte plusieurs milliers de combattants, rassemble des troupes dans son fief de Gwoza, dans le nord-est du Nigeria, tandis qu’attentats et massacres de civils se poursuivent dans le pays. Samedi, au moins 58 personnes ont péri et 139 autres ont été blessées dans trois explosions - dont un attentat-suicide - attribuées aux islamistes à Maiduguri, berceau historique de Boko Haram et capitale de l’Etat nigérian de Borno (Nord-Est).
Le même jour, le leader Abubakar Shekau annonçait son allégeance aux jihadistes de l'Etat islamique. Il a formalisé cette déclaration par un enregistrement audio de huit minutes diffusé via Twitter, dans lequel il promet de «faire enrager les ennemis d'Allah».