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Libération
Vu de Londres

David Cameron moqué pour son refus de débattre à la télévision

Publié le 11/03/2015 à 20h06

David Cameron a voulu faire son Eastwood. En 2012, l’acteur et réalisateur américain Clint Eastwood s’était livré à un curieux exercice télévisé en débattant avec une chaise… vide, supposée représenter Barack Obama.

En 2015, le Premier ministre britannique veut endosser le même rôle, celui de la chaise vide. Il vient de refuser, avec emphase, de participer aux trois débats proposés par les chaînes télévisées nationales pendant la campagne des élections générales du 7 mai. Pas question, a-t-il expliqué, de débattre au mois d'avril, bien trop proche de la date du scrutin. Pas question, non plus, comme l'ont proposé les télévisions, de débattre deux fois avec les six chefs des autres principaux partis, et une fois avec le leader de l'opposition travailliste Ed Miliband, son seul rival sérieux au poste de Premier ministre. Non, sa «dernière offre», a-t-il concédé, serait un unique débat avec tous les partis, fin mars. A prendre ou à laisser, a-t-il lancé.

Les télévisions ont décidé de laisser. Et de maintenir les trois débats proposés - auxquels tous les autres leaders ont accepté de participer - en avril. Quitte à laisser une chaise vide sur le plateau pour David Cameron. Couard, trouillard, froussard : les noms d’oiseaux n’en finissent plus de pleuvoir. Le chef du Labour, Ed Miliband, en a même profité pour promettre, s’il devenait Premier ministre en mai, d’introduire dans la loi l’obligation de débats télévisés préélectoraux.

Le Royaume-Uni n’a testé cet exercice médiatique pour la première fois que lors des élections de 2010. David Cameron était alors le jeune leader de l’opposition conservatrice, face au Premier ministre, Gordon Brown, maladroit en public et usé par dix ans de Labour au pouvoir, et à Nick Clegg, leader des libéraux démocrates, quasi inconnu à l’époque (il est aujourd’hui vice-Premier ministre). Sur le papier, le brillant et fringant David Cameron, ancien professionnel de la communication, aurait dû briller. Sur l’écran, il s’était éteint, face au vieux routard Gordon Brown et à un étonnant et offensif débatteur, Nick Clegg.

Les débats n’avaient pas radicalement changé les intentions de vote. Mais David Cameron en a gardé un souvenir cuisant et reste extrêmement réticent à l’idée de renouveler l’exercice. Parce qu’il estime avoir bien plus à perdre qu’en 2010. Après cinq ans au pouvoir, et alors que la reprise économique semble s’installer confortablement, le Parti conservateur de David Cameron reste au coude à coude avec les travaillistes, avec environ 33% des voix. A moins de deux mois du scrutin, tous les experts s’accordent pour prédire une élection absolument imprévisible.