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Libération

Tikrit, marque de la reconquête irakienne

Le monde arabe en ébullitiondossier
L’armée et les milices chiites sont sur le point de reprendre la petite ville à l’Etat islamique.
publié le 12 mars 2015 à 20h06

C'est une guerre où il faut se contenter des communiqués de l'armée irakienne, celle-ci ne permettant pas aux journalistes ni de l'accompagner, ni de rejoindre le front. Si l'on en croit le ministre irakien de la Défense, Khaled al-Obeidi en déplacement jeudi dans la province de Salaheddine, dont Tikrit est la capitale, la ville natale de Saddam Hussein est désormais complètement encerclée par les forces hostiles à l'Etat islamique. «Le temps est de notre côté, nous avons l'initiative» et «nous commençons à appliquer la deuxième phase de notre plan», a-t-il déclaré. «Tikrit est bouclé de tous les côtés» mais «nous ne voulons pas nous précipiter», a ajouté le général Bahaa al-Azzawi.

Snipers. Au onzième jour de l'offensive pour reprendre Tikrit à l'Etat islamique, sa reconquête ne fait guère de doute. Apparemment, la petite ville n'est défendue que par quelques centaines de jihadistes, l'essentiel des combattants s'étant repliés. Et les forces de Bagdad engagées dans la province de Salahedine seraient d'environ 30 000 hommes, appuyés par l'artillerie. Mais la petite ville n'est pas encore prise, notamment parce que les jihadistes vendront chèrement leur peau et qu'ils truffent d'engins explosifs les abords de la localité dès qu'ils les quittent. «Nous n'avons pas face à nous des combattants au sol mais un terrain piégé et des snipers», a résumé un haut gradé irakien à l'AFP. Aucun bilan de victimes depuis le début de l'offensive contre Tikrit n'est disponible, mais plusieurs dizaines de corps sont acheminés quasi quotidiennement à Bagdad et dans la cité sainte chiite de Nadjaf, où les miliciens veulent être enterrés.

Reste que l’on ne sait pas qui combat vraiment : l’armée irakienne, les multiples milices chiites réunies au sein des Unités de mobilisation populaire, une force paramilitaire, ou les gardiens de la révolution iraniens ? D’après les informations recueillies à Bagdad, c’est l’artillerie iranienne qui pilonne massivement les positions jihadistes et les milices chiites qui forment l’essentiel des forces engagées. Aussi, la bataille de Tikrit, l’un des bastions sunnites, apparaît-elle comme un test de la collaboration entre les nombreuses forces combattantes et de la capacité des groupes chiites à prévenir des actes de revanche contre les sunnites. Jusqu’alors, il ne semble pas que des abus contre des civils aient été commis. Mais, selon plusieurs sources à Bagdad, circule désormais au sein des milices chiites le nom de la tribu des Al-Boadjil comme ayant participé au grand massacre de la base de Spicher, près de Tikrit, en juin 2014, où 1 700 jeunes soldats chiites qui avaient abandonné armes et uniformes pour se rendre, avaient été exterminés par l’EI et ses alliés. Ce qui fait craindre aux observateurs des représailles massives contre cette tribu.

Attentats-suicides. La bataille de Tikrit, qui, en cas de succès, sera la première ville irakienne reprise à l'EI, est livrée sans la participation de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis en raison de la présence des forces iraniennes. Les rebelles, de leur côté, ont lancé une contre-offensive à Ramadi où 13 attentats-suicides à la voiture piégée ont eu lieu mercredi.