Le coût humain est alarmant. Le coût économique est préoccupant. Alors que le conflit syrien entre dans sa cinquième année, les compteurs tournent dans l’indifférence.
Il y a déjà les 210 000 morts depuis le début du conflit, en mars 2011, et les 840 000 blessés, représentant 6% de la population. Mais il y a également plus de la moitié de cette population qui a été déplacée. 3,9 millions de personnes ont quitté la Syrie, principalement vers le Liban, la Turquie, l'Irak ou l'Egypte. S'y ajoutent les 7,9 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays.
La seule économie prospérant en Syrie est l'économie de la violence. Le Centre syrien de recherche en politiques publiques (SCPR) , en lien avec deux organismes des Nations unies, a étudié pour ce funeste anniversaire l'ensemble des pertes économiques que subit le pays à cause du conflit. Du début de la guerre à décembre 2014, ils estiment l'ensemble des pertes économiques à 192 milliards d'euros, soit 383% du PIB du pays en 2010.
Cyniquement, le seul secteur à bénéficier d'une hausse d'activité est celui des organisations non-gouvernementales. «Le conflit continue de modifier la structure du PIB, analyse le SCPR, avec une économie largement dépendante de l'agriculture et des services gouvernementaux.» Il faut ajouter que le gouvernement est de plus en plus dépendant d'aides financières extérieures et de prêts.
Cette mauvaise santé économique entraîne également pour les habitants des conditions de vie très difficiles. Le taux de pauvreté atteignait 82,5% à la fin de l'année 2014, et 30% de la population vivait dans la pauvreté la plus extrême. «Un tel niveau de privations a un risque mortel pour cette population», analyse le SCPR avant d'ajouter que la résilience du peuple syrien diminue et que si l'aide des ONG a pu améliorer les pires situations, l'ampleur du conflit rend compliquée une réponse adaptée.
«Les appels à la protection de la population et à une amélioration de la réponse humanitaire restent cependant ignorés par les parties impliquées dans le conflit», a souligné la responsable de l'Agence pour la coordination de la réponse humanitaire des Nations unies.