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Libération
Vu de Moscou

Mais où est donc passé Poutine ?

On est sans nouvelles du président russe depuis le 5 mars. Coup d'Etat, enfant à naître, décès... les rumeurs sur la raison de cette absence vont bon train.
Médias et réseaux sociaux tentent d’interpréter le silence du chef. (Photo Alexander Zemlianichenko. AFP)
publié le 15 mars 2015 à 15h09

«Kouda propal Poutine ?» - où est passé Poutine ? Si les premiers signes du printemps sont enfin apparus à Moscou, le président russe, lui, a disparu des écrans de télévision. Depuis le 5 mars, jour où il s'est entretenu avec le Premier ministre italien, Matteo Renzi, sur la crise politique en Libye. Un silence qui tranche avec son omniprésence habituelle et alimente les spéculations.

Vladimir Poutine devait se rendre au Kazakhstan, son déplacement a été reporté. La signature d'un accord stratégique avec l'Ossétie du Sud, que Moscou reconnaît comme un Etat indépendant, a elle aussi été différée. Sa rencontre annuelle avec les responsables des services secrets (FSB) ne s'est pas faite. «Agenda très chargé», justifie le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Ces annulations successives, peu courantes, ont suscité la curiosité de certains médias russes, traditionnellement peu diserts sur la vie privée des responsables politiques nationaux – un sujet qu'il est préférable de ne pas aborder. Des soucis de santé ? La radio Echo de Moscou pose la question. Par sa poignée de main, Poutine pourrait «casser la main» de son interlocuteur, répond le Kremlin, selon une expression populaire en Russie. «Quand le printemps se faire sentir, les gens commencent à délirer», a commenté Peskov dont les démentis n'ont pas suffi à faire taire les rumeurs, reprises avec gourmandise par les médias internationaux. «Le syndrome de Stockholm en action : la "disparition" du président russe figure parmi les sujets les plus débattus dans les médias ukrainiens», ironise un internaute.

Alors que la Russie s'apprête à célébrer l'anniversaire du «rattachement» de la Crimée à la Fédération, médias et réseaux sociaux tentent d'interpréter le silence du chef. Ça ne serait qu'une simple grippe, qu'importe : même le très sérieux Vedomosti s'est fendu d'un édito sur le sujet soulignant que «dans les pays ayant des régimes personnifiés, la santé du chef est plus importante que le prix du pétrole».

Sur internet, les suppositions partent dans tous les sens : selon certains, Poutine serait retenu au Kremlin où se tramerait un coup d'Etat, d'autres affirment en toute simplicité qu'il serait mort… Une autre hypothèse est également envisagée : la naissance en Suisse d'un enfant dont le père serait le dirigeant russe. «J'envisage de m'adresser aux personnes qui ont de l'argent pour qu'elles organisent un concours du meilleur canular journalistique», a ironisé le porte-parole du Kremlin qui refuse désormais tout commentaire sur le sujet.

En Russie, la vie privée du Président n'est abordée que lorsque celui-ci le décide : il y a deux ans, il avait annoncé à la télévision s'être séparé de son épouse Lioudmila après trente ans de mariage.