L’Utah va de nouveau fusiller ses condamnés à mort. La dernière personne passée par les armes fut Ronnie Lee Gardner en 2010, et la méthode avait été abandonnée pour les condamnations postérieures à 2004. Il s’agit d’un cas unique aux Etats-Unis. Mais cette décision a été prise en raison des difficultés d’approvisionnement en barbituriques utilisés pour injection létale que connaît le pays, et qui ont récemment relancé le débat sur la peine de mort. Surtout après la lente agonie de trois condamnés, Clayton Lockett dans l’Oklahoma, Joseph R. Wood dans l’Arizona et Dennis McGuire dans l’Ohio, causée par un produit mal calibré.
«Repoussants». Le retour des pelotons d'exécution est qualifié de «barbare» par une partie de l'opinion publique. Seulement 12% des Américains le jugent acceptable, selon un sondage NBC cité par Time. Des associations de défense des droits civiques l'ont, elles, qualifié d'«arriéré et rétrograde». Même le gouverneur de l'Utah, Gary Herbert, a reconnu que ces pelotons d'exécution étaient «un peu repoussants» mais que son Etat avait besoin d'une méthode d'exécution alternative. «Nous préférons utiliser l'injection létale quand un détenu est condamné à mort, a assuré la porte-parole du gouverneur, Marty Carpenter. Cependant, quand un jury prononce une telle peine et quand un juge signe un ordre d'exécution, l'Etat est obligé de faire appliquer cette décision de justice.»
Si les partisans du peloton d'exécution en vantent la rapidité et l'efficacité, Time souligne deux ratés dans l'Histoire. En 1879, déjà dans l'Utah, un certain Wallace Wilkerson s'est légèrement déplacé, et les tireurs ont manqué son cœur. En 1951, un autre condamné, Eliseo Mares, a été touché à l'estomac et à la hanche, le tireur ayant manqué sa cible. Impossible également d'affirmer avec certitude que mourir ainsi est indolore. En 1938, des médecins avaient surveillé l'activité cardiaque d'un condamné à mort au moment de la fusillade, et constaté que son cœur s'était arrêté de battre seulement vingt secondes après les tirs.
Les difficultés d'approvisionnement en substances entrant dans la composition des injections létales ont poussé quelques-uns des trente-deux Etats où la peine de mort est encore en vigueur à adopter des solutions alternatives. L'année dernière, le Tennessee a ainsi rétabli la chaise électrique (seulement si le condamné l'accepte), suivi cette année par l'Alabama, rappelle le Washington Post.
«Humaine». En Oklahoma, c'est la mort par suffocation provoquée par inhalation d'azote qui pourrait être adoptée. Selon l'élu républicain Mike Christian, il s'agirait d'une méthode non douloureuse, ce que confirme un article du Journal of Medical Ethics de 2009. Un rapport de trois professeurs de l'East Central University affirme que cette méthode est «humaine». Mais, comme l'a relevé The Oklahoma, l'un de ces professeurs, Michael Copeland, avait participé à la campagne électorale du gouverneur. Et aucun des signataires du rapport n'était médecin.
Selon le Death Penalty Information Center, huit Etats autorisent l’utilisation de la chaise électrique, quatre la chambre à gaz, et trois autres la pendaison. Le mois prochain, la Cour suprême américaine doit se prononcer sur la constitutionnalité des injections létales, qu’elle avait déjà jugées acceptables en 2008. Un peu plus de 3 000 personnes se trouvent actuellement dans le couloir de la mort. C’est six fois plus qu’à la fin des années 60.