En coulisse, les visages étaient détendus. Le Premier ministre conservateur, David Cameron, était arrivé tout sourire au bras de son épouse, Samantha. Ed Miliband, le chef de l’opposition travailliste, signait volontiers des autographes avant de rentrer dans «l’arène». Jeudi soir, les sept candidats aux législatives du 7 mai se sont affrontés pendant près de deux heures devant 200 personnes.
Organisé dans une ancienne fabrique proche de Manchester, ce débat était une première dans un pays historiquement habitué au bipartisme. Et il sera le seul à réunir tous les prétendants au 10 Downing Street. Outre les chefs de file des trois grands partis, David Cameron, Ed Miliband et Nick Clegg pour les Libdem, ont également répondu présents tous les leaders des petits partis : le populiste Nigel Farage de l’Ukip, Nathalie Bennett pour les Verts, Nicola Sturgeon pour le parti nationaliste écossais (SNP) et la très peu connue Leanne Wood, pour les nationalistes gallois (Plaid Cymru).
Une configuration inédite voulue par le Premier ministre. Jugeant le scrutin trop proche, celui-ci a refusé tout autre débat. Il a également rejeté l’idée d’un tête-à-tête avec Ed Miliband, craignant sans doute de ne pouvoir rivaliser face à un orateur réputé coriace.
Cible. A la veille du week-end de Pâques, 7 millions de Britanniques ont tout de même suivi le débat, qui a porté sur la gestion du déficit public, le système de santé publique, l'immigration et l'avenir réservé à la jeunesse. Ni bourde ni dérapage, excepté les deux interventions impromptues d'une travailleuse sociale présente dans la salle, qui a pris à partie David Cameron.
En exigeant un tel débat, le Premier ministre espérait rendre inaudible le message de chacun. C'est l'effet inverse qui s'est produit. Le chef des conservateurs s'est retrouvé seul contre tous. Même Nick Clegg, son allié et vice-Premier ministre, l'a pris pour cible, critiquant la sévérité des coupes dans les dépenses publiques. Quand à Ed Miliband - qui a répété tout au long de la soirée «si je deviens Premier ministre», en référence peut-être au «moi, Président» de François Hollande -, il a appelé à la fin des contrats précaires «zéro heure». De son côté, le leader de l'Ukip a principalement évoqué le problème de l'immigration et a suscité l'indignation du public en lançant que les malades du sida étaient «étrangers à 60%».
Chaise. Alors que les sondages donnent les deux principaux partis au coude-à-coude, le SNP apparaît aujourd'hui comme la troisième force politique du pays et pourrait participer à un gouvernement de coalition. Enfin, pour Leanne Wood et Nathalie Bennett, ce débat était une occasion pour elles de se faire connaître.
Finalement, pas de vainqueur clair. Le prochain débat entre candidats est programmé la semaine prochaine. Reste à savoir si les organisateurs laisseront une chaise vide pour souligner l’absence du chef du gouvernement.