Menu
Libération
Récit

Le Labour sort l’arme Tony Blair

Alors que les législatives britanniques s’annoncent serrées, l’ex-leader travailliste affiche l’unité.
Tony Blair a affiché son soutien au travailliste Ed Miliband, mardi. (Photo Owen Humphreys. AP)
publié le 7 avril 2015 à 19h56

C’est depuis son ancienne circonscription de Sedgefield, dans le nord-est de l’Angleterre, que l’ex-chef du Parti travailliste Tony Blair s’est exprimé. Avec à ses côtés son épouse, Cherie, l’ancien Premier ministre du Labour s’est engagé dans la campagne pour les élections législatives du 7 mai.

Blair a affiché un soutien sans faille au candidat travailliste, Ed Miliband. «Il a démontré qu'il était maître de lui-même, avait ses propres convictions et était déterminé à les suivre, même si elles sont à contre-courant», a souligné Tony Blair, triple vainqueur des élections générales de 2007, 2005 et 2001. Locataire du 10, Downing Street pendant presque dix ans, Blair «est depuis largement resté à l'écart de la vie politique», mais le Parti travailliste espère qu'il a toujours «un peu d'aura pour convaincre les électeurs», explique James Landale, journaliste politique à la BBC.

«Aneries». L'entente entre Tony Blair et Ed Miliband n'est pourtant pas si simple. Pressé par les journalistes d'être plus explicite sur sa relation avec le candidat travailliste, réputée assez froide, l'ancien Premier ministre a assuré «le soutenir à 100%», soulignant que le parti était uni par une «croyance profonde en la justice sociale». Mais ce message d'unité lancé mardi par Tony Blair va-t-il trouver une résonance au sein des travaillistes ? Contesté dans son propre camp, notamment pour son engagement au côté des Américains en Irak, Tony Blair subit depuis quelques semaines des critiques venues de l'intérieur même du parti. Pour le conseiller Jon Cruddas, Blair aurait abandonné «les idées traditionnelles» du Labour pour ne défendre que «des âneries» à la fin de son mandat.

Malgré ces attaques sur les politiques qu'il a menées au gouvernement, Blair a tenu à affirmer qu'il «respectait» Ed Miliband, pourtant plus à gauche que lui, au nom de son attachement à l'Europe. Pour l'ex-leader du Labour, il a su «mettre les intérêts du pays en premier» en s'opposant au référendum sur une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, promis par le Premier ministre conservateur, David Cameron, en cas de victoire le 7 mai.

Récemment, Miliband a en effet jugé qu'un «Brexit» (British exit) serait un «désastre» pour le pays. Une position partagée par Tony Blair, qui croit «passionnément que quitter l'Europe diminuerait l'influence du Royaume-Uni dans le monde et […] irait à l'encontre des qualités et des ambitions qui nous distinguent toujours comme une grande nation mondiale».

Epaules. Pour l'ancien Premier ministre, la promesse de David Cameron n'est qu'un argument pour satisfaire l'aile eurosceptique et surtout «obtenir des votes de l'Ukip», le parti europhobe de Nigel Farage. A un mois des élections, la course entre les conservateurs et les travaillistes est toujours très serrée. Selon les derniers sondages, les deux principaux partis récoltent chacun environ un tiers des intentions de votes.

C'est le Parti nationaliste écossais (SNP), mené par Nicola Sturgeon, qui pourrait endosser le rôle d'arbitre. Traditionnellement de gauche, les militants écossais soutiennent officiellement les travaillistes. Mais, selon un document révélé ce week-end par le Telegraph, Nicola Sturgeon aurait confié en février à Sylvie Bermann, ambassadrice de France au Royaume-uni, qu'elle préférait que David Cameron gagne, Ed Miliband n'ayant pas les épaules pour devenir Premier ministre. Des propos démentis par l'intéressée qui agitent beaucoup les médias.