A l'issue d'une rencontre avec les représentants de la diaspora arménienne aux Etats-Unis pour évoquer le centenaire «des atrocités de 1915», le secrétariat général de la Maison blanche a appelé mardi à une reconnaissance «pleine, franche et juste» des massacres par la Turquie. Mais toujours pas question d'employer le mot «génocide», au grand désespoir de la communauté arménienne américaine.
L'exécutif américain a souligné «l'importance de cette occasion» pour honorer le 1,5 million de personnes qui ont perdu la vie «durant cette période horrible», s'en tenant à la formulation utilisée à plusieurs reprises et ne mentionnant à aucun moment le mot «génocide». Selon le site Politico, Barack Obama n'emploiera pas le mot durant les commémorations du centenaire dans quelques jours.
Le Président américain avait pourtant utilisé ce mot lors de la campagne présidentielle de 2008, alors qu'il était sénateur. Mais depuis son arrivée à la Maison Blanche, le «G-word» est devenu tabou. «Combien de temps les familles des victimes vont devoir encore entendre avant que notre nation est le courage de confronter la Turquie sur la vérité au sujet de son passé meurtrier? Si ce président, qui avait parlé si passionnément de reconnaissance par le passé, ne le fait pas, qui le fera? Si ce n'est pas après cent ans, quand?» s'est indigné le représentant démocrate Adam Schiff.
La conseillère de Barack Obama pour les affaires de sécurité, Susan Rice, s'est entretenue mardi avec le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, en visite à Washington, et l'a encouragé à «améliorer» les relations entre Ankara et l'Arménie ainsi qu'à lancer un dialogue ouvert en Turquie sur les «atrocités de 1915», selon un communiqué de la Maison Blanche. Le secrétaire au Trésor, Jack Lew, mènera quant à lui la délégation américaine à Erevan, vendredi, lors du centenaire, «en solidarité avec le peuple arménien».
La Turquie nie catégoriquement que l'Empire ottoman ait organisé le massacre systématique de sa population arménienne pendant la Première Guerre mondiale et récuse le terme de «génocide» repris par l'Arménie, de nombreux historiens et une vingtaine de pays dont la France, l'Italie et la Russie. Les Arméniens estiment que 1,5 million des leurs ont été tués de manière systématique à la fin de l'Empire ottoman par l'armée dans le but d'éradiquer les Arméniens d'Anatolie, une région située dans l'est de la Turquie actuelle.