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Libération
Interview

Au Népal, «les séismes sont rares, mais très forts»

Pour Patrick Coulombel, cofondateur d'Architectes de l'urgence, le tremblement de terre de samedi peut être comparé à celui qui avait ravagé le Cachemire en 2005.
Sur Durbar Square, Katmandou, des bénévoles essaient de récupérer des morceaux des monuments historiques effondrés. (Photo Prakash Mathema. AFP)
publié le 25 avril 2015 à 19h40

Patrick Coulombel est cofondateur de Architectes de l’urgence, une fondation humanitaire spécialisée dans la reconstruction et la mise en sécurité des bâtiments après une catastrophe naturelle, comme en Haïti ou aux Philippines. Il connaît par ailleurs personnellement le Népal.

Quelle est selon vous la gravité du séisme au Népal?

Ce tremblement de terre me semble comparable à celui du Cachemire en 2005, il y a dix ans. C'est très grave. On peut imaginer qu’il y a beaucoup de destructions dans les villages de montagne, car la magnitude est énorme, 7,8. Les glissements de terrain sont ravageurs, et rendent aussi très compliqué l’accès aux zones isolées. Le bilan risque de s'alourdir terriblement.

Comment se présente le pays?

C'est une zone fortement sismique et un pays de montagnards. Les constructions anciennes sont faites avec les matériaux locaux, très souvent de la pierre renforcée aux angles avec du bois. C'est une habitude ancienne, et les villages de la région de Pokhara sont des bons exemples de cette architecture parasismique. En revanche, les constructions récentes sont souvent faites de briques, ou de réseaux poteaux-poutres en béton avec du remplissage de briques, surtout à Katmandou et à Pokhara. Connaissant Katmandou, il doit y avoir beaucoup de bâtiments par terre, car c'est assez loin de l'épicentre et qu'il y a beaucoup d'immeubles hauts. Car plus on est loin de l'épicentre, plus les bâtiments à étages souffrent à cause de la propagation des ondes sismiques, et à partir de quatre étages, ils commencent à tomber.

Pourquoi le Népal n'a-t-il pas construit en fonction de cette dangerosité ?

Le Népal n'es pas le Japon, il n'y a pas d'argent pour la construction parasismique. Par ailleurs, les séismes y sont rares, mais très forts, ce qui est une caractéristique des zones de subduction, la plaque de l'Inde s'enfonçant sous le continent asiatique. Or, il y a trente ans, la tectonique des plaques n'était pas connue, le risque n'a été analysé qu'il y a quinze ans à peine.