De violentes répliques ont secoué dimanche le Népal et sa capitale Katmandou, déjà très durement éprouvés, au lendemain du séisme dévastateur. La secousse la plus forte a atteint une magnitude 6,7 dans une zone située au nord-ouest de Katmandou non loin de la frontière chinoise, à une profondeur de 10 km, a annoncé l'Institut américain de géophysique (USGS).
Elle a été ressentie jusqu'au mont Everest, où elle a déclenché de nouvelles avalanches, selon des alpinistes sur place. «On vient juste d'avoir notre plus forte réplique jusqu'à présent ici au camp de base de l'Everest. Plus petite que la secousse originelle, mais le glacier a tremblé et avalanches», a tweeté un alpiniste, Jim Davidson.
Un séisme de magnitude 7,8 au Népal a tué au moins 2 352 morts et 6 239 blessés , selon un bilan provisoire de la police nationale, qui devrait s'alourdir, et ravagé le centre historique de la capitale, Katmandou. Aux morts népalais s'ajoutent plusieurs dizaines de décès répertoriés en Inde (67 morts ont été pour l'instant répértoriés, en majorité dans l'Etat oriental du Bihar) et en Chine, mais aussi sur l'Everest, où une avalanche meurtrière a tué 18 personnes.
Ce bilan est susceptible de grimper et les agences humanitaires sur place ont toujours le plus grand mal à évaluer l'ampleur des destructions et des besoins. «Nous avons dépêché des hélicoptères dans les zones reculées. Nous fouillons les décombres des immeubles effondrés pour voir s'il y a des survivants», a déclaré le porte-parole de la police nationale, Kamal Singh Bam.
Pokhara, une ville touristique, a été aussi touchée alors que la saison des treks bat son plein. Le séisme, le plus fort dans le pays depuis 1934, a été ressenti dans toute cette zone de l'Himalaya. Selon l'anthropologue Pramod Khakurel, joint par Libération à Katmandou, les répliques sont très nombreuses : «Je viens de ressentir trois secousses successives, nous sommes de plus en plus inquiets», a-t-il indiqué dans la soirée. Dans la capitale du Népal, très durement éprouvée, dont nombre d'habitants ont été contraints de passer la nuit dehors, dans la rue ou sous des tentes de fortune, malgré le froid.
La place Durbar, au cœur de la ville, a été quasiment détruite, comme en témoignent des photos publiées par un conseiller politique népalais sur Twitter, ainsi qu'une vidéo postée par une habitante sur Youtube, dans laquelle on entend la désolation des Népalais face au désastre. Le lieu est classé au patrimoine historique de l'Unesco. Erigés par les rois Malla entre les XIIe et XVIIIe siècles, ses édifices constituent «une symbiose unique de l'hindouisme, du bouddhisme et du tantrisme», explique le site de l'Unesco.
Pour comparaison, cet internaute a posté une photo de la place Durbar avant le séisme :
La tour Dharhara, monument historique du XIXe siècle, l’une des attractions touristiques majeures de la capitale, s’est effondrée. Une dizaine de corps ont été extraits des ruines. Edifiée pour la première fois en 1832, reconstruite après le tremblement de terre de 1934, et mesurant 50 mètres, la tour Dharhara était l’un des monuments majeurs du patrimoine de Katmandou, avec la place Durbar. De couleur blanche et surmontée d’un minaret de bronze, Dharhara était particulièrement prisée des étrangers ainsi que des familles népalaises le week-end, pour sa vue panoramique sur la vallée. L’édifice abritait un sanctuaire hindou dédié au dieu Shiva en son sommet. Il n'en reste aujourd'hui que des décombres.
Le séisme s'est produit à l'heure du déjeuner, vers midi. «Tout a commencé à trembler. Tout est tombé. Les murs le long de la rue principale se sont écroulés. Les grilles du stade national se sont effondrées», a raconté un habitant de Katmandou, Anupa Shrestha. Le séisme a également provoqué des dégâts à l'aéroport international de Katmandou, qui a été fermé «pour raisons de sécurité» selon son directeur, Birendra Prasad Shrestha.
MSF se prépare «à faire du lourd»
Selon l’Institut américain de géophysique (USGS), le tremblement de terre s’est produit à 77 kilomètres au nord-ouest de Katmandou, et de fortes secousses ont été ressenties jusque dans certaines régions de l’Inde. Selon les médias locaux, les secousses ont duré entre 30 secondes et deux minutes.
Les hôpitaux de la ville sont remplis de blessés, souffrant de multiples fractures des membres et autres traumatismes. Le séisme a coupé des voies rapides dans la capitale et provoqué des dégâts à l'aéroport international de Katmandou, qui a été fermé «pour raisons de sécurité», selon son directeur, Birendra Prasad Shrestha.
La Croix-Rouge se dit inquiète du sort des villageois des zones rurales isolées proches de la zone de l'épicentre. «Nous anticipons des pertes en vies humaines et des destructions considérables», a averti Jagan Chapagain, directeur pour l'Asie-Pacifique de la Fédération internationale des sociétés de Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR). «Les routes ont été endommagées ou bloquées par des coulées de boue. Les communications sont rompues, ce qui nous empêche d'entrer en contact avec les branches locales de la Croix-Rouge et d'obtenir des informations crédibles», a-t-il souligné.
«Nous avons vu des scènes terribles de destruction, des hôpitaux qui ont été évacués et des patients soignés dehors à même le sol, des maisons et des immeubles démolis, des routes avec des crevasses béantes», a renchéri Eleanor Trinchera, coordinatrice pour Caritas Australia.
Même constat du côté de Médecins sans frontières (MSF). Le directeur du desk urgences, Laurent Sury, explique à Libération que «le problème est que nous n'avons que des informations parcellaires, notamment sur l'état des infrastructures hospitalières et aucune nouvelle de la vallée la plus touchée, où vivent 2,5 millions de personnes. On prépare une intervention sur le modèle du Pakistan en 2005 ou aux Philippines en 2013, pour le typhon Haiyan», dit-il. «La région affectée est très étendue, la zone à couvrir semble énorme. L'intervention est très liée à la géographie, l'état des structures de santé, la destructions des habitations, l'accès aux zones isolées. Des petites équipes partent dès maintenant depuis l'Inde et le Japon pour une mission d'évaluation des besoins. On se prépare à faire du lourd, sans être sûrs que ce soit nécessaire», ajoute-t-il.
Tibet et Bangladesh aussi
Le séisme a également été ressenti au Tibet, et dans de larges régions du Bangladesh, provoquant des scènes de panique dans les rues de la capitale, Dacca, où les habitants se sont précipités dans la rue. Dans une usine textile à Savar, où s'était effondré le Rana Plaza, au moins 50 travailleurs ont été blessés lors d’une bousculade consécutive au séisme, a rapporté une télévision locale. Selon l’agence officielle Chine Nouvelle, dix-sept personnes sont mortes au Tibet.
Aide internationale
Le président français, François Hollande, a déclaré dans un communiqué que la France était prête à «répondre aux demandes de secours et d'assistance» que le Népal pourrait lui adresser. Il indique que le Quai d'Orsay «a activé le centre de crise pour répondre aux demandes concernant les Français se trouvant dans la zone du séisme». Il a également exprimé «la solidarité de la France aux autorités et au peuple népalais».
.@fholande "France répondra aux demandes de secours et d'assistance que les autorités du Népal pourront lui adresser" pic.twitter.com/HQth7ZbHXQ
— Élysée (@Elysee) April 25, 2015
Le Premier ministre, Manuel Valls, a également adressé un message de solidairté via Twitter.
La France, de tout cœur, solidaire des victimes et sinistrés au Népal.
— Manuel Valls (@manuelvalls) April 25, 2015
Les Etats-Unis ont annoncé l'envoi d'équipes de secours et le déblocage d'une première enveloppe d'un million de dollars. «Du fond du coeur, nous adressons notre sympathie aux peuples du Népal et des régions touchées par cette tragédie», a dit le secrétaire d'Etat américain John Kerry.
L’Inde voisine a dépêché deux avions de transport militaires et la Chine a annoncé l’envoi d’une équipe de 62 secouristes aidés de chiens. Deux avions russes transportant des sauveteurs devaient quitter la Russie dimanche, selon le ministère des Situations d’urgence. La Norvège a annoncé pour sa part le déblocage de 3,5 millions d’euros. Des experts de l’Union européenne sont en train de se rendre dans les zones affectées.
Le FMI s'est dit prêt à envoyer une équipe au Népal «dans les plus brefs délais afin d'aider le gouvernement à évaluer la situation macroéconomique et à déterminer les besoins financiers», en coordination avec la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement (BAD) notamment.
Enfin, le pape François a exprimé «sa solidarité à l’égard de tous ceux affectés par ce désastre» et a fait part de sa «tristesse», selon le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Vatican.