N'épargner personne. Et surtout pas soi-même. Samedi soir, Barack Obama s'est livré à un numéro d'humour et d'autodérision lors du traditionnel dîner des correspondants de la Maison Blanche. «La soirée où Washington se célèbre lui-même», a ironisé le président américain, devant un parterre de 2 000 journalistes, politiques et célébrités d'Hollywood. Chaque année, dans l'immense salle de bal du Washington Hilton, le défi est le même : faire rire sans choquer, taquiner sans blesser. Pour viser juste, chaque président recourt à des speechwriters - humoristes ou conseillers - chargés de rédiger des blagues, souvent acérées, en lien avec l'actualité.
Campagne oblige, les prétendants à la présidence en 2016 en ont pris pour leur grade. A commencer par Hillary Clinton, ridiculisée par le Président pour le ton modeste qu'elle a cherché à donner à sa campagne en partant - en minibus - dans l'Iowa à la rencontre des «Américains ordinaires». «Les temps sont durs. J'ai une amie qui, il y a quelques semaines, gagnait des millions de dollars par an, et qui aujourd'hui vit dans un van dans l'Iowa», a lancé Obama, déclenchant l'hilarité. Dans le camp républicain, le Président s'en est pris à Ted Cruz. Récemment, le sénateur ultraconservateur du Texas a estimé que nier l'existence du changement climatique faisait de lui un Galilée des temps modernes. «La comparaison n'est pas appropriée, a plaisanté Barack Obama. Galilée pensait que la Terre tournait autour du Soleil. Ted Cruz, lui, pense que la Terre tourne autour de Ted Cruz.»
Comme le veut la tradition, Obama s'est aussi moqué de lui-même. Il a souligné l'agenda chargé de sa présidence : réparer le système d'immigration, relancer l'économie, négocier avec l'Iran sur son programme nucléaire. «Tout cela en trouvant le temps de prier cinq fois par jour», a-t-il ironisé, en référence aux délires paranoïaques de l'extrême droite américaine, qui continue d'affirmer qu'Obama est un Kenyan musulman. Evoquant l'usure du pouvoir et son air fatigué, le Président en a profité pour tacler le leader républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, qui avait invité en mars le Premier ministre israélien à s'adresser au Congrès sur l'Iran : «J'ai l'air si vieux que John Boehner a déjà invité Nétanyahou à parler à mes obsèques.» Obama n'est d'ailleurs pas le seul à s'être moqué de son apparence physique. L'humoriste Cecily Strong, chargée cette année de donner la réplique au Président, ne s'en est pas privée. «Vos cheveux sont tellement blancs que vous pouvez désormais répondre à la police», a-t-elle lancé dans une allusion aux violences policières dont sont victimes les Noirs américains.