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Libération
EDITORIAL

Terreur

publié le 26 avril 2015 à 19h56

Dans un monde qui veut tout maîtriser, qui se targue de pouvoir imaginer des parades au moindre danger qui affleure, le tremblement de terre suscite une terreur que l'expérience n'atténue jamais, bien au contraire. «Tout de même, les tremblements de terre, c'est étrange. Nous sommes convaincus, intellectuellement, que le sol sous nos pieds est dur et stable. On dit même "il a les pieds sur terre" pour parler d'une personne solide. Et pourtant un beau jour, soudain, on comprend que tout ça est faux : la terre, les rochers, qui devraient être stables, se tordent dans tous les sens comme du liquide», a écrit le romancier Haruki Murakami dans Après le tremblement de terre, un livre qui évoque le séisme qui a secoué sa ville de Kobe en 1995. On a tous en tête des images de Kobe et surtout de Port-au-Prince dévastés, la différence étant que l'un s'en est remis et l'autre pas ; le Japon a su mobiliser toutes ses ressources pour reconstruire, Haïti a été abandonné ou presque à sa misère. Au Népal, il y a fort à parier que les zones hautement touristiques, comme Katmandou, seront assez vite remises sur pied, même si des dommages irréparables semblent avoir été causés au patrimoine culturel. Les villes, les villages et les contrées isolés, en revanche, risquent d'avoir du mal à surmonter le choc et le chaos. Comme souvent, l'ampleur de l'aide internationale et la rapidité avec laquelle elle s'organise sont impressionnantes, et même réconfortantes à l'heure où l'on tend à fermer la porte à l'autre, mais c'est sur la durée que l'on mesurera sa générosité et son efficacité.