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Libération
Décryptage

En Afghanistan, comme prévu, les talibans attaquent le Nord

publié le 28 avril 2015 à 22h26

Les talibans avaient prévenu : leur offensive de printemps débuterait le 24 avril et viserait en priorité soldats et policiers afghans. Ils ont exécuté leur menace ce week-end. Depuis quatre jours, leurs assauts se concentrent dans la province de Kunduz, au nord, loin de leurs fiefs du sud et de l’est. Ils ont inquiété jusqu’au président Ashraf Ghani, contraint de décaler de plusieurs heures un voyage officiel en Inde.

Comment se déroulent les assauts ?

Les talibans ont mobilisé plusieurs centaines de combattants - jusqu’à 2 000, selon le chef du conseil provincial de Kunduz. Après s’être emparés de plusieurs villages, ils ont réussi à pénétrer dans la ville de Kunduz, aux rues désormais désertées. Les combats s’y poursuivaient mardi après l’envoi de renforts par l’armée afghane. Les talibans attaquent simultanément par le nord, l’est et le sud. Ils ont également fait sauter des ponts pour ralentir l’arrivée des renforts. Le bilan des combats reste flou. Un commandant taliban et 27 de ses hommes auraient été tués dans la nuit de lundi. Un porte-parole insurgé a, de son côté, affirmé que des dizaines de soldats et de miliciens des forces locales de police avaient péri ou avaient été blessés.

Cette offensive est-elle surprenante ?

Hormis par son ampleur, non. La province de Kunduz, à majorité pachtoune, l’ethnie des talibans, est déjà contrôlée en partie par les insurgés. Ils avaient lancé une offensive l’automne dernier, prenant le contrôle de plusieurs districts. Les talibans avaient profité de renforts venus de la zone tribale pakistanaise du Waziristan du Nord, fief de groupes jihadistes (dont Al Qaeda) où Islamabad avait lancé une intervention réclamée depuis plusieurs années par les Etats-Unis. Ils avaient aussi bénéficié des luttes de pouvoir entre les responsables provinciaux obnubilés par l’élection présidentielle.

L’armée afghane peut-elle tenir seule ?

Même si Kunduz ne tombe pas, cette offensive montre la fragilité des forces de sécurité nationales alors que l’Otan s’est très largement retiré d’Afghanistan. Seuls 12 500 soldats étrangers sont aujourd’hui déployés, contre plus de 130 000 en 2012. A Kunduz, face aux assauts talibans, les forces afghanes ont été contraintes d’abandonner plusieurs avant-postes. Désormais seules, elles ne disposent plus du soutien aérien que les armées étrangères leur fournissaient encore largement il y a seulement deux ans. Washington a annoncé début avril qu’il allait ralentir le retrait de ses troupes restantes. Au moins deux de ses bases, dont le démantèlement avait été annoncé, resteront opérationnelles.