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Népal : l'urgence des dons aux ONG

Le Népal meurtridossier
La communauté internationale va mobiliser des moyens pour venir en aide aux sinistrés, mais les dons des particuliers sont cruciaux.
Des villageois népalais rescapés du séisme s'entassent sous des abris de fortune le 28 avril, à Lapu. (Photo Sajjad Hussain. AFP)
publié le 28 avril 2015 à 17h01

Le bilan du séisme au Népal s'élève désormais à plus de 4 300 morts et 8 000 blessés. L'ONU estime que 8 millions de personnes, sur les 28 millions que compte le pays, sont touchées par le désastre et que plus de 1,4 million a besoin de nourriture. Comme à chaque catastrophe, les premières heures sont cruciales et les appels aux dons se multiplient. «Le temps que la communauté internationale dégage des moyens, il faut que nous, nous en trouvions, explique Marino Fernandez, porte-parole de l'ONG Action contre la faim. Il faut aller très vite, chaque heure compte. Quand vous êtes exposés au froid, aux pluies, sans tente, sans couverture, sans nourriture ni eau, vous ne tenez pas longtemps.»

«Les bailleurs arrivent toujours en second rideau, si on les attendait, on serait toujours en retard sur l'urgence, poursuit Luc Evrard qui gère la collecte chez Médecins du monde. On a besoin de la générosité du public qui est toujours plus rapide.» L'ONU a promis de débloquer 15 millions de dollars (13 millions d'euros), les Etats-Unis 10 millions de dollars (9 millions d'euros), la Norvège 15,5 millions de dollars (14 millions d'euros)… «Pour l'instant, les mobilisations internationales semblent extrêmement faibles compte tenu de l'ampleur du désastre. Les sommes sont très éloignées des besoins», déplore par ailleurs Marino Fernandez.

Les ONG ont besoin d'une chose: de l'argent (les liens vers les plateformes de paiement sont ici). «Les dons en nature n'ont aucune utilité, car ils sont disparates, les tentes ne sont pas forcément appropriées, la qualité est incertaine, etc. Alors que l'on traduit l'argent reçu en tentes, matériel de traitement de l'eau, salaire de médecins expatriés… On passe pour cela par des fournisseurs accrédités par nos soins», précise Antoine Peigney, directeur des relations et opérations internationales à la Croix-Rouge.

A titre d'exemple, Médecins du monde estime avoir besoin de 500 000 euros pour faire face aux besoins des premiers jours, un million à un million et demi à terme, lorsqu'il s'agira de reconstruire le pays. «Nous avons collecté 170 000 euros durant les quarante-huit premières heures», affirme Luc Evrard. La Croix-Rouge internationale a lancé un appel pour réunir 33,4 millions de francs suisses et pense que le montant «montera peut-être à 100 ou 150 millions», précise Antoine Peigney. En France, la Croix-Rouge a pour l'heure reçu 196 000 euros. «En général, on reçoit la moitié des dons la première semaine», assure Antoine Peigney.

Convaincre les Français de donner

La plupart des organisations humanitaires est pour l'instant cantonnées à la capitale, Katmandou. Avec un seul aéroport international et une réglementation qui interdit aux porteurs de plus de 50 tonnes de se poser, il faut du temps pour acheminer l'aide. Et avec toutes les forces en présence sur place, il faut une bonne logistique. «Une coordination est en train de s'organiser entre les autorités népalaises, la branche humanitaire des Nations unies et l'ensemble des organisations. On évalue les besoins, on définit qui fait quoi et où, pour éviter de dupliquer des actions ou au contraire d'être absents de certains endroits. Ça nécessite un peu de temps», explique Marino Fernandez.

L'accès aux zones rurales va être un grand enjeu dans les heures et jours à venir. «Le pays est très montagneux, les routes endommagées ou pas entretenues. Il faut des camions adaptés ou des hélicoptères», décrit Antoine Peigney, de la Croix-Rouge. Ce qui nécessite de gros moyens. Peu d'aide a pu parvenir dans les campagnes, or «des personnes sont blessées et, si elles ne sont pas soignées, il y a des risques de décès», avertit Antoine Peigney.

«Les Français sont généreux : un sur deux donne. Mais ça veut aussi dire qu'un sur deux ne donne pas, souvent par méfiance envers les organisations. Pour lever les barrières, il faut que les Français sachent que les organisations sont contrôlées», conseille Nathalie Blum, directrice générale du Comité de la charte. Cet organisme contrôle depuis 1989 les associations et fondations et attribue un label «don en confiance» à celles qui respectent un certain nombre de critères, parmi lesquelles la transparence. Dix-neuf organismes labellisés interviennent actuellement au Népal. «Nous avons 200 points de contrôle, le niveau d'exigence est important», rassure Nathalie Blum.

Si un donateur souhaite passer par une structure non labellisée, «il doit aller voir son site officiel, si l'organisation a l'habitude de travailler dans des situations d'urgence, si elle donne accès à ses comptes et notamment à l'utilisation de ses fonds. Même sans label, les organismes sont contrôlés par la Cour des comptes ou un commissaire aux comptes», souligne Nathalie Blum. Le reste relève des règles de base sur Internet : vérifier que l'on se trouve bien sur le site officiel de l'ONG et que le site est bien en HTTPS au moment du paiement.

Quelques organismes à qui donner…