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Libération

Recherche touristes désespérément au Népal

Le Népal meurtridossier
Secours. Huit jours après le séisme, un millier de ressortissants européens manquent encore à l’appel.
Vue du camp de base de l'Everest, dévasté après une avalanche causée par le violent séisme de samedi au Népal, le 25 avril. (Photo Roberto Schmidt. AFP)
publié le 3 mai 2015 à 19h36

Ils se reposent, hagards, à l’ombre du jardin de l’ambassade de France à Katmandou. Le matin même, ils désespéraient d’être secourus, bloqués dans le petit village de Lana Gaon, à 3 000 mètres d’altitude, où ils s’étaient réfugiés après le séisme.

Jean-Luc Parant, 58 ans, faisait un trek dans le Tsoum samedi avec ses amis : «Dans notre lodge, nous n'étions pas en détresse, même s'il faisait très froid. Au bout de deux ou trois jours les portables locaux se sont remis à fonctionner, on a pu prévenir notre agence. L'ambassade américaine a appelé une de ses ressortissantes et a noté les identités des autres. Ensuite, on a attendu. Il y avait beaucoup de solidarité, on a reconstruit des murs, sous la neige. Notre guide et notre porteur étaient très inquiets, leurs villages étant détruits. Quand l'hélicoptère est enfin arrivé, on ne serait jamais partis sans eux.»

Réseau. Dimanche, le Quai d'Orsay communiquait un nouveau bilan provisoire du séisme : trois morts, sept disparus et soixante-dix-neuf citoyens français manquant encore à l'appel, soit près de moitié moins que la veille. Un conseiller d'ambassade explique qu'«il y a un vrai réseau européen, un partage d'informations vingt-quatre heures sur vingt-quatre par messagerie, et une réunion de coordination quotidienne». Samedi, l'ambassadrice de l'UE au Népal parlait d'un millier d'Européens encore manquants. D'après Caroline Sengupta, qui gère une association d'entraide entre expatriés à Katmandou, «il n'y a plus aucun disparu dans la communauté étrangère résidant au Népal, Européens ou autres. Grâce à Facebook, Twitter et le téléphone, on a pu retrouver tout le monde». Des routards, très nombreux au Népal, peuvent avoir rejoint l'Inde par la route, sans prévenir leur ambassade.

Samedi, les journaux népalais indiquaient que 350 personnes avaient été secourues dans le Manaslu, région de trek proche de l’épicentre. Mais aussi que 48 corps, dont ceux d’au moins 6 étrangers, avaient été retrouvés et qu’il n’y avait guère d’espoir pour les disparus. Un rescapé raconte qu’un hélicoptère de Médecins sans frontières s’est posé quelques instants pour vérifier qu’il n’y avait pas de blessés dans le village, et qu’un appareil népalais a compté les rescapés. Selon une source diplomatique, qui déplore l’inaction du gouvernement népalais, des associations d’alpinistes népalais mènent les recherches en haute montagne.

Inconscience. Sous les tentes installées autour du quartier général de l’ONU, une employée explique «envoyer les secours dans les zones habitées où il y a le plus de population. Quant à la montagne, après huit jours sans nouvelles, il faut admettre que les disparus sont morts», ajoute-t-elle, les larmes aux yeux. Christine Braud, qui dirige une agence de trekking à Katmandou, est loin d’être aussi pessimiste : «Je suis persuadée qu’il y a encore des chances de retrouver des gens vivants. Ils sont avec des Népalais dans des villages dont l’accès est coupé. Dans le Langtang, on peut partir sans guide. Sans électricité, les villageois ne peuvent pas recharger leur portable. Cette région est très vaste, de 3 000 à 4 000 mètres d’altitude, il y a beaucoup de petits villages et autant de chemins. Il y a plein d’électrons libres au Népal, qui partent sans guide, sans agence, parce que ce n’est pas de l’alpinisme. Sauf qu’ils ne sont pas conscients des dangers. Un couple d’Espagnols redescendait dans la vallée après le séisme. Le chemin était très abîmé, la dame est tombée et s’est tuée sous les yeux de mes clients.»