Menu
Libération

Abby, 17 ans et même pas peur du grand méchant Murdoch

Publié le 06/05/2015 à 18h56

On oublie le scrutin de ce jour. On évacue David Cameron ou Ed Miliband. Et on se concentre sur les élections de mai 2030. A en croire Twitter, le Royaume-Uni élira ce jour-là la seconde femme Premier ministre de son histoire : Abby. On ne connaît pas encore son nom de famille. Une seule photo d'elle est disponible sur son compte Twitter, elle est blonde et a les cheveux longs. Elle a aussi 17 ans et, depuis le 22 avril, elle est en passe de devenir une héroïne. Elle a commencé par lancer sur Twitter le hashtag #Milifandom («Mili» pour Miliband, «fan» pour… fan et «dom» comme dans Kingdom) pour contrer les critiques de la presse conservatrice, majoritaire au Royaume-Uni, qui a pris pour tête de Turc le candidat travailliste Ed Miliband.

En quelques heures, le nombre d'abonnés au compte de la jeune fille, @twcuddleston, explosait. Elle en a aujourd'hui 26 500 et ce n'est pas fini. D'autant qu'après avoir pris la défense du dirigeant travailliste et l'avoir transformé presque en sex-symbol, elle s'est attaquée à la presse tabloïd du magnat des médias Rupert Murdoch. Abby trouve Ed Miliband «authentique, drôle, gentil, terre à terre, attentionné et, en général, juste vraiment sympa».

Elle le sait et le fait savoir parce que le candidat du Labour a pris la peine de l'appeler pour la remercier de son soutien. Son sens de la repartie, son humour et la fraîcheur de son enthousiasme ont ravi Twitter. «Une des choses les plus extraordinaires qui soient sorties de cette élection est bien @twcuddleston», a ainsi jugé un admirateur. Abby est trop jeune pour voter. En fait, elle passe son bac et, explique-t-elle, «pas question de donner des interviews, je révise et j'ai mes examens à passer d'abord». Mais elle n'a pas apprécié du tout que des journalistes du Sun se pointent devant son domicile et celui de sa grand-mère. Elle s'est adressée directement à Rupert Murdoch, propriétaire du Sun, en tweetant : «Rupert Murdoch pourriez-vous m'expliquer comment 24 heures après #milifandom j'avais des journalistes qui frappaient à ma porte et à celle de ma grand-mère ?» Sans grande surprise, Rupert Murdoch n'a pas répondu.

En revanche, un journaliste du Sun a expliqué que l'adresse de la jeune fille avait été récupérée légalement sur le registre électoral, ouvert au public. «Ce qui n'est pas possible puisque je suis mineure et donc pas inscrite sur le registre et, en plus, je n'ai donné à personne mon nom de famille ou mon adresse», a immédiatement répliqué Abby, applaudie par une légion de fans pour oser s'en prendre à l'empire Murdoch.

Lorsqu'une ancienne députée du camp conservateur, Louise Mensch, a jugé qu'Abby «cherchait la publicité», la jeune fille lui a volé dans les plumes en rappelant qu'elle avait indiqué très clairement ne donner aucune interview. «Juste un message public à Louise Mensch. Je me fiche de ce que vous pensez. Merci.» Un fan a eu le mot de la fin : «Je commence à me dire qu'elle est la seule adulte dans cette élection. En plus, je parie qu'elle va assurer à ses examens.»