Menu
Libération
Retour sur

Germanwings : Andreas Lubitz avait «testé» la chute de l'A320

Au cours du vol aller Düsseldorf-Barcelone, le copilote autrichien s'est entraîné à une descente brutale de l'appareil, selon le BEA.
Le cockpit de l'A320 qui s'est écrasé dans les Alpes, deux jours avant le drame. (Marius Palmen. AFP)
publié le 6 mai 2015 à 16h35

Les passagers du vol Germanwings Düsseldorf-Barcelone du 24 mars l'ont échappé belle. Selon un rapport préliminaire présenté mercredi par le Bureau d'enquête et d'analyse (BEA) – chargé de l'enquête technique sur le crash de l'Airbus A320 dans les Alpes françaises –, le copilote responsable de la catastrophe, Andreas Lubitz, s'est «entraîné» à faire chuter l'avion lors du vol aller, quelques heures plus tôt.

Selon Der Spiegel, entre 7 h 19 et 7 h 24, le copilote a profité d'une courte absence du commandant de bord pour programmer à plusieurs reprises, parfois pour quelques secondes seulement, une chute de l'appareil, avant de redresser l'altitude de vol à 35 000 pieds, conformément aux indications de la tour de contrôle de Bordeaux. A 7h 24, le pilote demande l'ouverture de la porte du cockpit. Lubitz le laisse entrer et reprendre les commandes. Quelques heures plus tard, lors du vol retour, il n'ouvrira plus la porte à son collègue et précipitera l'appareil contre une paroi rocheuse des Alpes.

Ni l'équipage ni la tour de contrôle n'ont remarqué les manœuvres suspectes de Lubitz, mises au jour par l'étude des boîtes noires de l'appareil. A ce moment, «le contrôle aérien avait donné l'ordre de descente et l'avion avait déjà commencé à descendre», a précisé Rémi Jouty, le directeur du BEA. Pendant ce «test», «plusieurs sélections temporaires d'altitude vers 100 pieds [30 mètres, ndlr] ont été enregistrées au cours de la descente […] alors que le copilote était seul au poste de pilotage». Le BEA a recensé cinq épisodes suspects. «On peut en conclure que le copilote était conscient et que ses actes allaient tous dans le même sens : la volonté de faire chuter l'avion», affirme-t-il.

Andreas Lubitz avait interrompu sa formation de pilote chez Lufthansa, la maison mère de Germanwings, pendant presque dix mois en 2008 et 2009 à cause d'une forte dépression. Il n'avait réobtenu sa licence de pilotage qu'en juillet 2009, avec la mention «conditions-restrictions spéciales», qui oblige à des examens médicaux spécifiques, et celle-ci avait ensuite été renouvelée chaque année, toujours assortie de la même mention.

Le BEA rendra son rapport définitif sur le crash dans un an, se concentrant notamment sur les «défaillances systémiques» qui permettent à un pilote de se retrouver seul dans le cockpit. Le BEA a identifié six accidents similaires (avec l'intention de faire chuter l'avion), dont un en Namibie en 2013 et un au-dessus de l'Atlantique en 1999. Certains éléments laissent à penser que la chute de l'appareil de la Malaysia Airlines disparu dans l'océan Indien en mars 2014, pourrait aussi avoir été provoquée par le pilote.