Figure emblématique des tout puissants services de sécurité et de renseignement syriens, le général Ali Mamlouk vient d’être destitué et, semble-t-il, placé en résidence surveillée à Damas. La nouvelle de sa mise à l’écart survient alors que le régime vient d’accuser une série de revers militaires, comme la perte de la quasi-totalité de la province d’Idleb (nord-ouest) et, en partie, la ville de Jisr al-Choughour au profit d’une coalition de groupes rebelles islamistes.
Divergences. Cette éviction, suivie peut-être d'une arrestation, semble traduire des divergences fondamentales au sein du régime sur la conduite de la guerre. Ali Mamlouk, 69 ans, ne faisait pas que coiffer les innombrables services secrets syriens, il était conseiller de Bachar al-Assad à la sécurité intérieure et l'un des trois personnages-clés du régime.
Aussi faisait-il partie du conseil restreint de huit personnes qui constitue le cœur du système Assad. Sa destitution intervient après la mort de Rostom Ghazalé, l’ancien chef des services secrets syriens au Liban, le 24 avril. Ce dernier avait été d’abord sérieusement battu par les gros bras d’un autre chef de sécurité, le général Rafiq Shehadé, puis conduit dans une clinique privée de Damas, où, selon un médecin libanais contacté à Beyrouth, il a fait ensuite l’objet d’un lent et douloureux empoisonnement, lequel, plus que les coups reçus, serait à l’origine de sa mort.
L’éviction d’Ali Mamlouk traduit la montée de la paranoïa qui s’est emparée du régime, d’autant plus que ses forces apparaissent de plus en plus acculées à se replier sur Damas et le littoral méditerranéen.
Oncle. Selon le quotidien britannique The Daily Telegraph, c'est pour être entré en contact avec les services secrets turcs - qui sont derrière nombre d'organisations rebelles islamistes - et avec Rifaat al-Assad, l'oncle de Bachar al-Assad, en exil en Europe depuis les années 80 pour avoir tenté de renverser son frère Hafez, qu'il a été arrêté. Tant Ghazalé que Mamlouk auraient par ailleurs manifesté leur hostilité à l'envahissante présence iranienne en Syrie.