A six mois de la fin de son mandat, la présidente argentine, Cristina Kirchner, s'est trouvé un nouvel ennemi : Carlos Fayt, né en 1918, l'un des cinq membres de la Cour suprême, et le seul à ne pas avoir été désigné par un péroniste. Le mandat des juges s'achève quand ils atteignent 75 ans, mais Carlos Fayt fait exception : quand il a été nommé, en 1983, la limite d'âge n'existait pas. Le gouvernement reproche à ce juriste prestigieux, auteur d'une quarantaine d'ouvrages, son absentéisme aux dernières réunions de la cour, et veut le soumettre à un examen médical. Mais le nonagénaire ne l'entend pas de cette oreille et montre, dans ses déclarations à la presse, qu'il n'a rien perdu de sa lucidité. Les anti-Kirchner se sont mobilisés pour défendre le patriarche en organisant une manifestation devant la Cour suprême, aux cris de «Ne touchez pas à Fayt». Pousser le quasi-centenaire, de sensibilité socialiste, vers la sortie, permettrait au gouvernement de désigner un juge plus proche de lui et de réussir un carton plein. Les attaques de Cristina Kirchner contre l'indépendance des juges se sont multipliées depuis la mort suspecte, en janvier, du procureur Nisman, qui voulait l'inculper dans l'enquête sur l'attentat antisémite de 1994 à Buenos Aires (85 morts). Photo AP
Le juge Fayt, 97 ans, fait de la résistance en Argentine
publié le 14 mai 2015 à 20h06
Dans la même rubrique