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Libération

Mohamed Morsi, multicondamné à mort

Égypte . Le président déchu a écopé samedi de la peine capitale avec une centaine d’autres accusés.
publié le 17 mai 2015 à 18h36

L’ex-président islamiste égyptien Mohamed Morsi, destitué par l’armée en 2013, a été condamné à mort samedi en première instance avec une centaine d’autres accusés pour des évasions de prison et des violences durant la révolte populaire de 2011 contre Hosni Moubarak. Quelques heures après l’annonce du verdict, deux juges, un procureur et leur chauffeur ont été tués par balle dans le nord de la péninsule du Sinaï, dans la première attaque contre des magistrats dans cette région, théâtre d’attentats quasi quotidiens visant l’armée et la police.

Parmi les dizaines de personnes ayant écopé de la peine capitale, samedi, figure le guide suprême de la confrérie des Frères musulmans, Mohamed Badie. Ces condamnations doivent encore recueillir l’avis, non contraignant, du mufti d’Egypte avant d’être confirmées ou infirmées le 2 juin.

Répression. Ces nouvelles peines capitales sont prononcées alors que le pouvoir du président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée tombeur de Morsi, mène une répression sanglante contre les Frères musulmans, qui avaient remporté toutes les élections démocratiques après la chute de Moubarak. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a aussitôt dénoncé le verdict, y voyant un retour «à l'Egypte antique», tandis qu'Amnesty International a estimé que la peine de mort était devenue «l'outil de prédilection des autorités égyptiennes pour éliminer l'opposition politique». Les Etats-Unis ont exprimé dimanche leur «profonde préoccupation».Morsi avait déjà été condamné à vingt ans de prison il y a trois semaines dans un premier procès pour des violences contre des manifestants durant sa mandature d'un an.

Le président déchu a aussi été condamné samedi avec 35 autres personnes pour avoir fourni «des rapports de sécurité» à l'Iran et pour espionnage en faveur du Hamas et du Hezbollah «en vue de mener des attaques terroristes dans le pays pour y semer le chaos et renverser l'Etat». Sous la présidence Morsi, l'Egypte avait resserré ses liens avec les islamistes du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza voisine et affilié aux Frères musulmans.

Confrérie. Mohamed Morsi avait été destitué et arrêté sur les ordres du général Al-Sissi le 3 juillet 2013, après que des millions d'Egyptiens furent descendus dans la rue pour réclamer son départ, lui reprochant d'accaparer tous les pouvoirs au profit de sa confrérie islamiste. Durant les mois suivants, policiers et soldats ont tué plus de 1 400 manifestants pro-Morsi et emprisonné plus de 15 000 Frères musulmans. Des centaines de condamnations à mort dans des procès de masse expéditifs ont été qualifiées par l'ONU de «sans précédent dans l'histoire récente». Mohamed Morsi doit encore être jugé dans deux autres procès, l'un pour «outrage à magistrat» et l'autre pour espionnage au profit du Qatar.